BinObin & la francophonie : « Pour être plus subversif »
Et pour vous, la francophonie, c'est quoi ?
MAROC
Adlane Defouad, musicien (BinObin)
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« Du fait du protectorat français, la francophonie fut d’abord subie avant d’être réutilisée au quotidien. On considère à tord le Maroc comme un pays arabe, mais la langue la plus pratiquée reste le darija, sorte de créole avec de l’arabe et du français. Le Maroc est à la croisée des mondes sub-saharien, maghrébin, africain et français. Le berbère, et ce malgré son antériorité, n’est qu’une troisième langue... Même les panneaux d’orientation sont traduits arabe/français ! Nous avons donc pu, grâce à la francophonie, tisser des liens avec le Nord comme avec le Sud.
Nous avons fait nos études en français et en arabe. Mêmes nos conservatoires sont inspirés des vôtres ! D’où notre groupe signifiant « entre deux », car les gens ne comprenaient pas pourquoi notre son sonnait si français. Cela nous a interrogé sur le concept de la musique identitaire… Pour nous, la francophonie est une identité plurielle.
Anecdote : il nous est arrivé de représenter la France à l’étranger… Un comble quand on voit les politiques d’intégration de l’Hexagone !
La langue française a perdu du terrain au Maroc, les politiques anti-migratoires en ayant diminué l’intérêt… Notre génération était plus francophile et bilingue. Aujourd’hui, à part les universités scientifiques, c’est une option.
La culture française se propage par Internet ou les chaînes câblées. C’est celle la plus accessible. Nous avons moins de ponts avec celle anglophone. Et, face à la pop anglaise, c’est à se demander si chanter en français, n’est pas plus subversif. Cela a, en tout cas, enrichit notre création. »
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