VON PARIAHS : drôles de gammes
Rock nerveux, nez dans le guidon… Les Nantais prennent au sérieux leur mission. Et rien ne serait altérer leur concentration. Retour sur leur tant redouté deuxième album, offrant quelques éclaircies à des riffs pourtant teigneux.
Ambiance studieuse. Voire militaire ? Le sextuor bicéphale, avec à sa tête Théo Radière (guitariste) et Sam Sprent (chant), n’est pas du genre à plaisanter. Il en était de même pour la sortie de leur « Hidden Tensions » en 2013 : réponses polies, mais écourtées ; attitude défensive, mais humilité. Avec l’impossibilité de creuser l’histoire dans ses marges, quitte à entendre quelques banalités. Comme des lévriers focalisés sur le coup d’envoi. Des sportifs surentraînés redoutant les faux départs.
Pourtant, leur premier album leur avait ouvert les portes d’une critique nostalgique, entre références à Ian Curtis et présence dans de grands festivals (Printemps de Bourges, Vieilles Charrues…). À croire que leur flegme est inspiré par leur chanteur, originaire de Jersey. Comme un calme avant la tempête, plutôt qu’une quelconque fébrilité.
L’écriture de cet album ? Sur un laps de temps plus court, permettant de « gagner en cohérence ». Et cette obsession : « se rapprocher le plus possible du son live de nos répétitions, tout en ayant conscience que certains artistes – Lou Reed, Yeah Yeah Yeahs… – ont tenté toute leur vie cette difficile équation. » Pour y parvenir ? Aucun instrument additionnel, ni effet supplémentaire qui ne pourraient pas être joué en live. Alors que beaucoup de groupes effectuent un complexe travail d’adaptation du studio au concert, les Von Pariahs sautent ainsi joyeusement l’étape.
Pas question non plus d’invités : « Nous sommes déjà six ! Il n’y aurait donc pas de place pour un autre… Il arrive par contre, pour certains d’entre nous, de réaliser quelques échappées avec d’autres groupes... Mais pas l’inverse. » Un fonctionnement en huit clos, évitant de justesse l’étouffement, signe de leur volonté de rester dans les starting-block. Le groupe confirme : « On s’est toujours lâché après les concerts. Jamais avant. Pas besoin d’alcool ou de drogue : l’adrénaline fait le reste… Et toute la journée, avant le concert, nous sommes stressés. Dans l’attente… »
La sortie de leur deuxième album, également édité en vinyle ? « Un geste naturel. Une majorité de nos écoutes sont sur ce support. » Et cette pochette, dessinée par la copine du chanteur (Ultra Jaimie) ? « Le premier album était une photo de Théo Mercier montrant une famille sous burqa. Là, c’est un dessin : un enfant blond qui pleure. C’est intriguant et cela nous paraissait cohérent. D’autant que cette image avait été précédemment utilisée pour une date lyonnaise (ndla : ville de l’illustratrice). »
Puis cette question, nous brûlant les lèvres : pourquoi attacher tous les boutons de leur chemise ? « À la fois en raison d’un complexe lié à notre absence de pilosité autant qu’un geste non réfléchi. Il peut tout de même arriver que nous en fassions sauter un, lorsque nous sommes suffisamment à l’aise… Mais… Heeey ! Mais c’est quoi ces questions fashion ? » Pas simple de les décontenancer. En attendant la fin du concert, on aura au moins essayé…
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Photo : Gregg Brehin