Publié par Longueur d'Ondes

STUP VIRUS : attaque virale !

Qui mieux qu’un gang hip-hop pour réaliser le plus gros hold-up en ligne d’Europe ? « Le C.R.O.U. ne mourra jamais » et le prouve le 3 mars. Pré-écoutes et rencontres en [EXCLU], avant la redistribution du butin.


I. PRÉQUEL
Rencontrer Stupeflip n‘est pas chic : c’est un choc. C’est se rendre compte que les
Daft Punk sont vraiment des robots, Gorillaz un dessin animé et Puppetmastaz des marionnettes. À leur contact, on se met à jacter bizarrement, à base de punchlines et de dialogues hachurés façon hachis parmentier. On rit beaucoup, le plus souvent niaisement. Et le moment est aussi magique que régressif. Jouissif. Mais surtout, au-delà de l’hydre à trois têtes du C.R.O.U. (King Ju, Cadillac et Mc Saló), Stupeflip est un symbole malgré lui : celui d’une culture (hip-hop / fusion) peu commune en France autant qu’une indépendance face aux médias et à l’industrie. En témoigne l’incroyable levée de fond réalisée sur la plateforme Ulule. Pour 40 000 € demandés (et recueillis en seulement 2h), 430 000 € ont été collectés... Raz-de-marée et un record européen de crowdfunding signé dans la foulée. À l’heure de l’uniformisation des projets marketés et après un procès perdu contre leur ancien label BMG (cf. l’enregistrement de la dernière réunion en 2005, balancée en pâture sur Internet), la conclusion est forcément hilare. Le poing levé et l’autre main dans le slip.
Pourtant, le groupe reste un éternel quiproquo et a souffert, en silence, de la condescendance. À croire que l’indépendance a un prix (moral). Leur image punk ? Fausse. Eux voulaient seulement faire peur et rire en même temps, casser les chapelles musicales, procéder différemment en ancrant leur univers dans la bande dessinée et la science-fiction. Faire du hip-hop, de la cold wave, du synthpunk et du hard rock, une ratatouille épicée. Ou comment créer, en fans de musique, ce qu’ils auraient voulu écouter... Le tout ? Masqués et gueulards. Bref, de l’humour potache, sous fond de vérités, à base de calembours goguenards, de consonances grinçantes et de dictions alternées. Car chez Stupeflip, les mots ont leur importance. Ils sont un instrument en soit et, mis bout à bout, en disent souvent plus que ce que l’on ne croit.

Et si, d’ailleurs, tout avait déjà été dit dans leur single Stupeflip Vite !!!, issu de leur 3e album en 2011 ? Extraits : « Je t'attaque avec mon Mac (…) / Mon sourire te glace (…) / Écoute la rage (…) / Le C.R.O.U. revient fier (…) / Pas d’meuf, pas d’taff, pas d’bouffe (…) / J’me calmerai jamais / J'en ai trop gros sur la patate (…) / Peu d'espoir que ça dérange (…) / Et c'est l'apathie générale / Peu d'espoir que les gens changent (…) / Je n'me marre pas / Je n'espère pas / J'observe les autres / Qui partent en couille (…) / Viens pas m'juger / J'fait c'que j'peux / Avec c'que j'ai, grand (…) / Ras-le-bol d'être tout seul / Je suis fatigué d'expliquer / Utopistes debout ! / J'ai des lyrics en stock (…) / Alors laisse moi triper / Laisse moi l'dire avant d'mourir... À les réentendre et à observer les nombreux élans artistiques qu’ils ont inspirés sur la Toile (il existe même trois wikipedia dédié !), on comprend mieux pourquoi le C.R.O.U. a pris le temps.

II. LE RETOUR
Pour avoir le droit d’écouter la nouvelle prophétie_il a fallu envoyer de nombreux pigeons voyageurs // Jusqu’au sésame // Un grand OUI // Une exception_surtout // Et donc l’organisation d’une réunion secrète dans un studio d’enregistrement_à six-pieds-sous-terre >> « Gratte, gratte dans la terre. Gratte dans la terre et trouve les pommes de terre » (Stup danse_2005) << On s’y rend illico // Pas de dress code // King Ju nous attend // Avec lui : Maurice du SAV * L’Épouvantable Épouvantail * Flip * Le Fléau * Dju *ascar Capac * Celui Qui Crie * des filles de Ulule qui pullulent * et Renaud Letang_réalisateur du disque // Un seul absent : Pop Hip_mort en 2011 // Le compte est bon // Les chevaliers sont réunis autour de la Table ronde_pleine-de-boutons_pour discuter des clés du mystère en chocolat //
« J’ai l’impression de faire un exposé, merde ! » balance L’Épouvantable Épouvantail // Scribes de l’épopée_on nous installe dans le canapé cannibale # sorte de sables mouvants plastiques_qui vous collent les testicules au menton # en fond de cale le son à fond de balle pour « mieux ressentir les basses » // Les têtes jouent les culbutos en rythme // Ça tape du pied // Ça rit, style charivari // On écoute 4 morceaux_un interlude et on nous en mime un autre à la bouche // Puis le siège de King Ju se retourne // Machiavélique // « Qu’est-ce que vous pensez de mes couplets de tarlouze ? » // Qu’est-ce que ça change ? // Peut-on avouer à une mariée que son mariage est minable ? // On ne peut pas >> « Te frotte pas au C.R.O.U. ou on t'fracasse la cruche. On a l'crane en friche trépané dès la crèche ! » (Mon Style en Crrr_2005) << Et on ne le pense de toute façon pas // On dira rien // « Je préfère que vous donniez un 4, plutôt qu’un 12. Un 12, c’est la loose. Un 4, c’est tranchant » // On note tout sous la surveillance chelou d’un homme-à-la-caméra // Gloups.

Comment il est ce disque ? // Étonnant // Bien sûr_il y a l’argot habituel : les « 4-5-7-7 » / « Stupeflip C.R.O.U. » et autres « mystères » cacaotés // Mais on avait pas vu venir aussi vite le coup du censuré // C’est malin // C’est même compréhensible // Côté rythme_il y a aussi de l’exotisme avec on a toujours pas le droit // Le Fléau confirme : « Je voulais faire du nouveau, ne plus être gniagniagnia. Être dans un truc émotionnel, quoi ! » // On acquiesce // Il y a même un hommage sincère à un artiste à claviers # On ne peut pas dire qui c’est # un featuring avec la petite nièce de Flip et un interlude qui s’en prend à un animateur télé nom interdit à grosse tête_mais sans jamais le citer entièrement // « C’est un name dropping incomplet, comme une note d’espoir. Le type va se dire que ça n’est pas lui » // Est-ce qu’un hommage posthume est réalisé à Pop Hip ? // On dira rien // On aimerait bien.
Puis_vient une Stupeflip stupeur : à la réécoute_le C.R.O.U. percute que des refrains n’ont pas été changés // Exit « Utopiste bienveillant »_bonjour « Terroriste bienveillant » // Le nom avait été gommé_à la suite des attentats de Nice // Panique // Doute // Maurice du SAV : « C’est quoi utopiste bienveillant, sinon un type dans sa chambre qui a peur ? » // Hum // OK // La rime sera conservée // Ouf >> « Stupeflip, c’est pas n’importe quoi. Ça fout l'feu, fait l'fou, ça t'handicape quand tu l'as pas » (Hater’s Killah_2011) << Reste seulement à régler un autre problème : il y a 13 morceaux // 13 !!! // « Ça me fait flipper » balance Rascar Capac / « J’ai beaucoup regardé de films gores : Vendredi 13 ou 13 à table avec Gérard Jugnot… On va essayer de faire un 12 bis. » // Le conseil de guerre doit se réunir // On congédie les impétueux.


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