STAR TREK : fans service
C’est surtout avec Star Trek que la notion de « série culte » est née. Succès d’initiés, ses rediffusions ont créé un engouement inattendu et permis la diffusion de la 3e saison de la série originale, pourtant annulée par son diffuseur.
Certes, la franchise n’a pas inventé le fandom, mais elle en a en tout cas popularisé les pratiques : écriture de fanfictions, cosplay (création de costumes), crossplay (homme portant le costume d’un personnage féminin ou inversement), fanzines, jeux de rôles, fanfilms… Quoi de plus normal pour une série revendiquant l’universalisme ? C’est donc bien collectivement que s’est développé tout un univers, hors du « canon officiel ». D’autant que le fil rouge – la découverte de mondes inconnus – permet toutes les extrapolations.
Le documentaire Trekkies (Roger Nygard, 1997) montre l’ampleur de cette dévotion : femme portant son costume d’officier 7j/7, stand-up humoristique dédié, mariages thématiques... Rien que le Klingon, langue d’une des espèces récurrentes des séries, est enseigné aux États-Unis depuis 1992 ! La Klingon Language Institute compte même 2 500 membres, répartis dans plus de 50 pays. À leur actif : une encyclopédie, un opéra, une revue trimestrielle sur la grammaire de la langue, voire la traduction de la Bible et d’une pièce de Shakespeare.
Pour le réalisateur Roger Nygard, ce qui différencie un fan de Star Trek de celui de Star Wars ou de n'importe quelle autre franchise, c’est « une vision positive du futur et une grande tolérance. La diversité démographique dans les conventions en atteste ». Renato Negreno, co-président du Star Trek French Club, confirme : « Beaucoup de personnes appliquent, dans leur propre vie, la philosophique de Star Trek, en particulier l’union entre les peuples. »
Toutefois, la papauté est parfois débordée par l’enthousiasme de ses ouailles : CBS et Paramount, proprios de la licence, se sont récemment attaqués à un « trekky » s’apprêtant à réaliser un fanfilm d’envergure presque hollywoodienne, après avoir récolté 1 million de dollars en crowdfunding !
La marque reste en effet un formidable produit d’appel : la bourgade de Riverside (Iowa), censée être la ville natale du capitaine Kirk (en 2233), est devenue un lieu de pèlerinage ; la ville canadienne Vulcan (du même nom que la planète de Spock) s’est improvisée capitale des trekkies ; quant aux acteurs, ils cachetonnent toute leur vie dans les conventions aux prix d'entrée astronomiques. Un selfie avec le capitaine Kirk : 50 € ! Quelle était la devise de Spock ? Ah oui : « Longue vie et prospérité ».