STAR TREK : influences
Phénomène intéressant, qui vaut pour une majorité des récits d’anticipation : si le futur imaginé par Star Trek ressemble à notre présent, ce n’est pas parce que la franchise a vu juste. C’est tout simplement parce que des tonnes de gosses ont essayé de recréer ce qu’ils ont visionné, enfant, lorsqu’ils sont devenus ingénieurs ! Et c’est encore plus vrai ici.
Ainsi, Martin Cooper a avoué avoir élaboré le premier téléphone portable en 1973, en s’inspirant du « communicator » à clapet de la série originale. Nom du GSM : le Star TAC de Motorola… Idem pour l’interface utilisateur des premiers organiseurs Palm ou du Windows Phone 7 : Star Trek est chaque fois cité comme source d’inspiration par les concepteurs. L’iPad ? Un hommage à la tablette tactile PADD (Personal access display device) des membres de l’équipage de la série The Next Generation.
Puis parfois, c’est notre technologie qui rattrape son retard sur la série, comme l’arrivée de la traduction simultanée, simple pirouette scénaristique devenue réalité en devenir. Quoi d’autre ? À l’image de l’hoverboard de Retour vers le futur, les enregistreurs destinés à recueillir des données biologiques ou environnementales dans Star Trek (les tricorders) inspirent la recherche en matière d’appareils biomédicaux portables et non invasives. Le tout, motivé par un concours doté de 10 millions de dollars...
Enfin, le « champ de distorsion de la réalité » imaginé par Star Trek est devenue une expression autrefois appliquée au fondateur d’Apple, Steve Jobs. Le principe désignait l’art de convaincre n’importe qui de n’importe quoi, grâce à un mélange de charme, d’exagération modérée et de marketing. Un charisme qui s’estompait lorsque celui-ci s’éloignait (d’où la notion de « champ »). Par extrapolation, l’expression désigne aujourd’hui la dévotion des utilisateurs de Macintosh…
Avec une telle emprise sur la pop culture américaine, pas étonnant que les hommages se soient multipliés. L’Enterprise, par exemple ! Le nom du vaisseau de la série, emprunté à la flotte française de Louis XIV, a été utilisé par la marine américaine et la Nasa pour nommer certains navires. Jusqu’à ce que le nom de Gene Roddenberry soit lui-même donné à un cratère de la planète Mars et que les cendres du créateur ne soient dispersées dans l’espace après sa mort… La boucle est bouclée.
Oubliez donc Star Wars et la mode des récits dystopiques (Black Mirror, Mad Max, American Nigthmare...). Une bonne dose d’utopie et de positivisme ne font actuellement pas gagner une élection, mais a l’avantage de faire oublier que le monde vire actuellement en mode 1984 ou Brazil. Or, dans l’espace, personne ne vous entendra crier…