LUCIEN CHÉENNE "Pied-tendre" (Flower Coast)
On répète souvent aux prétendants au trône musical qu’une musique s’incarne.
Qu’elle doit s’ancrer dans un vécu, avec le corps nécessairement en adéquation avec le contenu... Question de profondeur. De sincérité – aussi – et de signaux non verbaux envoyés.
Or chez Chéenne, il y a plus qu’un nom : y a cette tronche entre alterno et hipster, la mèche volante et le regard profond ; cette intro d’album qui simule les bourrasques sous les cranes et les cavalcades de banjo en solitaire (“Tous pris“) ; cette voix railleuse qui hurle en français l’amour comme hier (“Prête-moi ta bouche“) ou va taquiner les Sarthois sur l’improbable “Far-West“ ; puis surtout ce country/rockabilly festif, parfois chahuté par les cuivres (“Dans la Tabbert“ et son magnifique outro) et qui sait vous réchauffer les pieds…
Oh, bien sûr, on n’est pas dans le vénérable bluegrass, mais c’est toute la force de l’auteur : alterner ironie (“MDMA blues“) et flagrant délit de sincérité dans ce dix-coups qui s’avale d’un trait.
> Site web