Publié par Longueur d'Ondes

Des îles au trésor

La dernière édition du Libertalia-music festival, cet été sur l’île de Nosy Be (Madagascar), fut l’occasion de prendre le pouls du renouveau des musiques de l’Océan indien. Une scène en pleine internationalisation, à l’image de ces trois jeunes exemples.


KRISTEL (pop-rock / Madagascar)
« Nous travaillons et répétons beaucoup ! Cet été, nous avons enchainé beaucoup de festivals en Europe, de taille chaque fois différente. On découvre la vie en tournée, on rencontre d’autres formations… C’est très enrichissant : il faut vivre pour écrire ! D’autant que nous sommes étonnés, voire rassurés, de ne pas avoir d’étiquette « produit malgache ». C’est la preuve que, bien retransmise, l’émotion se passe parfois des mots et de la barrière d’une langue.

Nous appartenons à une génération désabusée. Pour autant, nous sommes tournés vers l’avenir... S’il y a une solidarité de notre part, c’est sur un plan musical avec les autres groupes malgaches et non via le soutien à tel ou tel camp politique. Nous ne voulons rien revendiquer, rien dénoncer : seulement raconter notre quotidien. C’est une pop solaire et fédératrice, pas de la musique d’humeur.

Pas d’amertume, donc, ou de misérabilisme. Nous voulons être apprécié pour ce que l’on fait et non ce que l’on est. Et laisser à chacun le choix d’interpréter selon ses acquis. »

1er album : Irony (Libertalia-music / Kaiguan agency)

 

PAMPLEMOUSSE (post-hardcore / La Réunion)
« Nous avons tous les trois été influencés par la scène noise des années 90. Pour autant, nous ne l’avons jamais intellectualisé : au moment de faire de la musique, le message est sorti sous cette forme. Sans doute parce que nous adhérons à la philosophie de l’époque. Celle où il fallait enregistrer en quelques jours et sur bande… Il fallait donc beaucoup répéter pour ne pas perdre de temps en studio. Aujourd’hui, tout est lissé, compressé...

Pamplemousse nous permet donc de canaliser notre colère et nos frustrations. En se concentrant sur notre musique, nous sommes forcément plus sincères ! Et c’est pour cette raison que nous avons enregistré notre premier album nous-même, dans notre salle de répétition et que nous avons privilégié l’argentique pour les visuels.

C’est vrai que le rock n’est pas le style le plus représentatif de l’île, mais il y a quelques activistes qui font bouger les choses... Des groupes de Métropole, d’Afrique du Sud et même d’Australie, viennent se produire ici. De la même manière que l’export est une étape nécessaire de notre développement. En particulier pour notre 2e album, prévu début 2019. »

(A Tant Rêver du Roi)

 

HANS NAYNA (soul-blues / île Maurice)
« À Madagascar, je me sens chez moi, bien que je ne parle ni malgache, ni ai une profonde connaissance du pays. Je chante en tout cas quand je chanterais chez moi : sans retenue. C’est la 3e fois que je viens ici et je me retrouve dans cet esprit “musique à volonté“ ! C’est l’essence même du partage et cela correspond tout à fait à mon objectif : prouver qu'en matière de musique, il n’y a aucune barrière linguistique.

J’adore la scène ! Pour l’instant, je n’ai jamais réussi à en faire une indigestion... Et puis cela permet d’échanger avec le public. C’est comme donner des nouvelles ! Il m’a fallu d’ailleurs de nombreuses séances de travail pour obtenir un set modulable, selon les capacités d’accueil.

Actuellement, je suis en pleine écriture de mon troisième album solo. Un album plus blues, plus rock, comme un retour aux racines. Je travaille à être visible, à développer mon réseau. C’est important si je veux continuer à cibler les festivals européens. Et c’est dans cette optique, et conscient que l’image est importante, que je sortirais deux nouveaux clips d’ici la fin d’année. »

(Kapricorn studios)

Commenter cet article