Publié par Longueur d'Ondes

Longueur d'Ondes #88 - hiver 2019

L’or de se réveiller

Savez-vous comment sont attribués les disques d’or (ect.) ? C’est la Snep, le syndicat national de l’édition phonographique qui s’en occupe… L’organisme – affilié au Medef et dont le président est le directeur d’Universal France – recense les ventes d’un artiste et attribue la fameuse récompense en fonction de seuils chiffrés.


Or, depuis 2019, ces seuils ont évolué. Désormais, la vente d’un disque physique correspond à 1 500 écoutes en streaming (contre 1 000 auparavant). Normal, direz-vous : le secteur est depuis quelques années en mutation et doit faire face à sa révolution technologique… Il n’est donc pas saugrenu d’en affiner les curseurs.


C’est aussi vrai que nous sommes également en droit de nous interroger sur sa justification (que ne précise pas, hélas, le Snep – et qui aurait évité les suspicions). Car en augmentant ces taux de 50%, la mesure va sans doute permettre de lutter plus efficacement contre certains fraudeurs… Mais elle pourrait aussi limiter l’impact des musiques urbaines (utilisant massivement les plateformes d’écoute en ligne) et celui d’artistes émergents – dont le disque d’or reste parfois un baromètre pour justifier une présence médiatique et/ou au sein de festivals.

Est-ce en raison de l’orgueil des vieux dinosaures de la chansons française ne souhaitant pas se faire chahuter leur(s) titre(s) ? Il n’empêche que le streaming représente aujourd’hui près de la moitié du chiffre d’affaire de l’industrie musicale… (oui oui !) Il est donc tout aussi important d’y prêter une oreille, autant qu’il faille parfois prendre du recul en n’accordant pas nécessairement crédit au Dieu numérique.

Une preuve encore que le système se cherche, qu’un peu de pédagogie évite les complots faciles en société ou qu’en matière d’émergence ou de diversité, le silence n’est toujours pas d’or.

Commenter cet article