Publié par Rolling Stone magazine

Interview SILMARILS 2021 : fusion à chaud

En rééditant leur 1er disque d’or en vinyle, le groupe rap-rock 90s d’Évry-Courcouronnes claironne sa reformation et se prépare, le 18 mars au Bataclan, à repasser à l’action.


2020. Il n’y a pas que leur album éponyme qui fête ses 25 ans : au carbone 14, le groupe d’Essonne pourtant formé en 89 possède la même datation... Pantalons larges, casquettes sur le front, la vanne crâneuse et le bras nonchalant derrière le dossier de chaise (tandis que l’autre saisie une 50 cl), on croirait les avoir laissés là. Hilares. Génies. Éternellement branleurs, aussi. « On n’a jamais eu besoin d’être adultes... Pourquoi maintenant ? », lancent-ils. Acquiescement.
Leur histoire a pourtant tout de l’improbable télénovela : celle de banlieusards du 91, répétant en salle 212 du lycée Georges-Brassens. Et qui, en quatre albums, travailleront avec l’équipe des Beastie Boys, House Of Pain ou Limp Bizkit ; seront autant responsables du coup de poing “Cours Vite“ que de coups de reins sur “Va Y Avoir Du Sport“ ; assureront surtout les premières parties d’AC/DC, U2, Sugar Ray, Therapy? ou autre Public Enemy... Hé oui.
En cause, notamment : ce 1er tube “Cours Vite“ qui ne sera pas qu’un mantra appliqué à la réalité de leur cité : il leur offre chez Warner un ticket d’entrée : « On nous a signé parce que notre titre avait pour refrain un hurlement », l’accompagnant d’un clip d’Olivier Dahan et de quelques pornstars d’autan... Déjà branleurs ? Évidemment. Tout autant que bosseurs : avant cette 1re sortie, la team a déjà 400 dates dans les dents (« Parfois même en échange d’une place de camping, près d’un spot de surf basque ») et des envies de compte à rendre (« Venant de l’autre côté du périph’, on devait taper trois fois plus fort pour nous faire entendre ! »).

Même ce vinyle inédit taquine la contestation : « Lors de la sortie de notre 1er album, on nous l’avait refusé ! Nous avions pourtant une culture hip-hop et, sur scène, un dj ». La revanche, toujours, sera donc pour le match retour... « Ça a fait drôle au service réédition de travailler avec des artistes vivants ! » Entre rap et rock, le groupe n’a d’ailleurs jamais choisi... (« ce qui aurait sous-entendu renoncer ») Eux, préfèrent souligner le carrefour de deux épopées : « Le rock en français devenait ringard ! On voulait du groove, faire danser, sans perfecto, ni bottines cirées. On voulait du guitare/basse/batterie aussi, mais la récente naissance du hip-hop ne pouvait être ignorée… » Quant à l’enregistrement, dans un manoir landais, il s’est réalisé « sur bande et en live, avec 80% de voix témoins ». Preuve une fois encore de l’urgence et ses besoins.
Un objet si instantané que le groupe n’a pas voulu le retoucher : « Pour réactualiser le Saint-Suaire, tu lui mets un smiley ? Non. Bon, ben on n’a pas d’inédit ! », gouaillent-ils goguenards. Avant de révéler une nouvelle version de leur ghost track “Patrice Laffont“, dans son format « sortie de bar et enregistré dans le noir… » De quoi entendre, en guise d’intro, le chanteur s’ouvrir le crâne dans le pied de micro. « L’idée était de réintégrer des moments de vie, en laissant le reste aux reliques… Restituer cet esprit “colonie“. C’est une époque où l’on faisait encore du tir à l’arc dans les hôtels ! »

30 ans d’une vie accélérée, à saper l’autorité (musicale ou sociétale) et dont la bande, à l’image du titre qui les a révélés, s’est « reformée sur un coup de fil » pour enfin reprendre son cours (vite).

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