Planet Terror - GrindHouse 2 (Robert Rodriguez)
Deuxième volet du diptyque GrindHouse entamé par Quentin Tarantino (et son « Boulevard de la Mort »), le film de Robert Rodriguez, entre hommages et délires, s’attaque ici au mythe du zombi. Au bord de la frontière mexicaine, un virus militaire et volatile a transformé une partie de la population en « sickos ». La population est décimée à coups de crocs. La police locale se fait alors aider d’une femme unijambiste à la jambe-mitraillette et de son petit ami karatéka.
La mort vous va si bien
La saga évoque les films diffusés dans les Drive In américains. Si la première partie « Death Proof » joue les road movies meurtrier (« Duel », « Hitcher ») avec de grandes parties réservées aux dialogues, « Planète Terreur » épargne ici le blabla pour taillader directement la chair sanguinolente. Et contrairement au principe (4h de diffusion avec entracte), les producteurs et frères Weinstein ont préféré découper le film pour les pays non-anglophones peu habitués à ce genre d’exercice. Pour la bande originale, ce devait être au départ John Carpenter (« New York 1997 », « The Thing ») qui devait s'en occuper. Finalement, c'est Robert Rodriguez qui s'y colle (comme dans « Spy Kids », « Kill Bill 2 ») jouant sur une palette entre heavy metal motard, guitare solo saturée et ambiance mexicaine kitch. Pour le casting, le réalisateur s’est d'ailleurs offert une pléiade de guest-stars : Eli Roth (réalisateur de « Hostel »), Michael Biehn (« Terminator »), Naveen Andrews (le Sayid de « Lost ») et même un Bruce Willis en militaire.
Simulacres à la tronçonneuse
A trop vouloir sombrer dans le gore d’antan en privilégiant les faibles scénarii pour rester dans le ton, on en oublie parfois la compréhension du spectateur. Les références sont bien sûr nombreuses et malicieuses, mais l’action trop rapide ne favorise pas l’installation d’un climat de stress et d’angoisse. Au contraire, tout s’enchaîne à la moulinette sans prévenir et repart comme si de rien n’était. C'est fun, mais il y avait moyen de réactualiser le mythe. Et même passé le coup de l’ellipse temporelle (« la pellicule a brûlé ») qui s’avère très drôle, on éprouve une nouvelle fois de la difficulté à rattraper le fil. La classique et amusante scène de sexe entre le karatéka et l’unijambiste aurait pu être de la même manière traitée de façon plus malsaine et dérangeante. Rappelons-nous de la tortueuse tétraplégique de « Crash » (Cronenberg)... Un moment anthologique aussi glaçant que second degré ! Bref, l’intervention loufoque de Tarantino résume l’esprit général : les deux réalisateurs sont avant tout là pour se faire plaisir et respecter les faiblesses du genre.
Band of the dead
L’effet visuel est saisissant ! Car afin de respecter l’ambiance désuète propre au style, Rodriguez a tenu à vieillir son film en voilant et en imprimant un grain sur les images. Et rien que l'introduction du film marque le ton, nous plongeant direct dans l'ambiance en modernisant le code d'honneur japonais à travers un sacrifice de testicules. La distribution est joyeusement manichéenne et n’épargne aucun cliché, notamment l’astuce de cette unijambiste-mitraillette (comment fait-elle pour tirer toute seule ?) et un final jouissif sous le signe de l’espoir patriote. Le traitement n’épargne rien ni personne, faisant exploser les corps dans un feu d’artifice sanglant digne des productions nipponnes. Enfin, autre géniale trouvaille : l’intégration de fausses bandes annonces. Servis par un Rob Zombie déchaîné (« Halloween 9 », « Devil’s Rejects ») ou encore un Edgar Wright (« Shaun of the Dead »), ces spots laissent entrevoir un justicier abusant de la machette (« Machete ») ou un pastiche de la maison hantée (« Don’t »).
En conclusion, Planet Terror nous offre un nanar chargé aux explosions d’hémoglobines, aux effusions de dialogues virils et nourri aux clichés américano-mexicains. Un régal pour geeks ! Certainement l’un des films les plus aboutis du tandem. Assurément l’un des moins accessibles au plus grand nombre. Et tant mieux !
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