Daft Punk « Alive » à Paris Bercy
De l’avis des observateurs, il s’agissait de l’affiche la plus séduisante de l’année, mélangeant la bande de Pedro Winter (Ed Bangers Records) à celle de Kitsune. Un battle hype improbable estampillé « meilleur produit export de l’année ». Finalement, si la rencontre avec leurs dauphins Justice n’a pas eu lieu, Klaxons, Kavinsky et Sebastian ont su encadrer des Daft Punk au sommet de leur Art.
Premières parties
D’entrée de jeu, et ce vers 18h30, ce sont les djs Sebastian et Kavinsky qui ont été chargés d’ouvrir le feu. Un set excellent, bien qu’un peu trop pointu pour une entrée en matière, gâché par les lumières allumées. Puis, ce fut le tour de la nouvelle sensation : Klaxons. Naviguant sur la vraie-fausse vague Nu-Rave, les jeunots anglais ont, eux aussi, vu leur contribution bâclée par le manque de dispositions sonores et lumineuses. Quoi qu’il en soit, les Klaxons ont offert un aperçu de leurs multiples influences : un rock nerveux et juvénile, allant jusqu’à des pointes acides ou pop. De quoi préparer le terrain pour Thomas Bangalter et Guy-Manuel de Homem-Christo, dont qu'il servira à un futur dvd anthologique, après huit ans d’absence.
Lumières
Sur un plan technique, l’esthétisme est absolument parfaite. La mise en place d’un décor qui livre ses secrets au fur et à mesure du concert, la complémentarité des jeux de lumières, les écrans et autres projections vidéo, en font une interface des plus complètes. L’interaction entre les différents éléments permet d’installer véritablement une ambiance à chaque morceau, illustrant par la même occasion les multiples nuances de la ligne musicale principale et ses samples additionnels. Si l’ensemble évoque l’univers néon disco, les dessins animés 80’s, les figures géométriques, les photos encyclopédiques et la pixellisation pré-informatique, l’apparition du duo en fin de set, habillé comme dans « Tron », est en soit tout un symbole. Les séquences vidéo et effets lumineux semblent d’ailleurs, au vu du parfait timing, directement contrôlés par les Daft Punk. Autant se l’avouer tout de suite : Le Puy du Fou et Jean-Michel Jarre peuvent aller se rhabiller !
Musique
Reprenant tout d’abord le principe même du dj, chaque introduction de morceau annonçait la chanson précédente. Mais, loin de se satisfaire d’une simple relecture de leurs tubes, le duo réussit le pari de marier des boucles de chaque album au sein du même titre. L’œuvre est donc analysée/redigérée dans sa glbalité, justifiant par là même la cohérence des albums. À coup de passages rock, ambiante et d’envolées house, les temps morts et montées successives sont maîtrisés de façon astucieuse. Et, le niveau sonore aidant, l’explosion des basses et la saturation des sons malmenaient le spectateur dans un tsunami massif et imposant. Bien qu’un peu court, le set reste éprouvant par sa vague constante de sensations. Enfin, en guise d’unique rappel et en réponse à l’introduction du concert : la face B « Together » a clôturé le tout.
Public
Anecdote amusante, avant le concert, un duo dans le public a improvisé quelques danses en coin des tribunes dans une ambiance américaine d’avant-match. Dans la foule, c’est la furie, style rave géante du film "Blade". Si les uns ont profité des noirs complets pour s’allumer discrètement une cigarette, les autres tentaient de filmer avec leurs portables (ndla : des extraits commencent d'ailleurs à émerger sur la toile). Surtout : les notes bleutées des écrans ont pris toute leur ampleur lors du noir de 10 min. séparant le set du rappel, offrant ainsi un visage inédit à Bercy. Une sorte de nuit étoilée électronique et presque magique. Durant le reste du show, la clameur est montée à chaque sample évocateur. Chaque envolée a redonné du cœur à l’ouvrage. Cette communion et cette ferveur resteront pour longtemps incomparables. Même la tribune VipP est à son comble, c’est dire !
Défauts ?
Le manque d’interaction des deux artistes, presque impassibles, peut avoir gêné quelques spectateurs. Les Daft Punk sont juchés sur leur pyramide de lumière et jouent à fond leurs personnages de robots automatisés. Afin donc de préserver le mythe, aucune parole n’est prononcée et il est impossible de savoir quel degré de création et d’improvisation est entrepris. Pour autant, si l’esthétisme est déshumanisée, les sensations provoquées sont, elles, bien réelles. Et s'il subsiste des frustrés, le prochain rendez-vous sera à Nîmes fin juin.
Enfin, autre point : l’évolution de ces (ex- ?) maîtres de la French Touch... À trop cultiver l’attente et les rares apparitions, le public pourrait peut-être se lasser. Ou alors, après avoir intégrés des références 80’s (avec notamment une entrée sur « Rencontre du 3e Type ») et joués sur l’axe espace-universalité-futur-robotique, on peut s’interroger sur le prochain segment du groupe. Quel virage prendre désormais ?
Au jeu de l'universalité, les Daft Punk auraient-ils été trop vite, trop loin, trop fort ?
> Site officiel
> Klaxons : symbole du mouvement New Rave ?
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