Hype et tendance : le fric, c'est chic
>> Suite du dossier "Lieux branchés : la guerre des mondes"
Zen, soyons zen.
Actuellement, nous assistons à un véritable renouveau des soins du corps : spa, thalasso, hammam ou bien massages particuliers. Sur l’île Maurice, le " Dinarobin " reçoit régulièrement la visite de personnalités comme Calogero, José Garcia, Bonnie Tyler, Laurent Jalabert, Raul, Zinedine Zidane et même Alain Prost. Loin du stress de la vie publique, tout le gotha vient s’y ressourcer. Au programme : des drainages lymphatiques, le shiatsu (massage chinois à quatre mains), le massage shanti (huiles tièdes étendues par deux esthéticiennes) et autres soins corporels de plus tentants. Le même rituel de Bali en Malaisie est exercé. Chaque huile naturelle est proposée en fonction de leur vertu : la patchouli et le santal pour attiser les sentiments ; le girofle, la cannelle et le gingembre pour le dynamisme ; le vétiver, la lavande et l’ylang-ylang pour la relaxation. Dans la culture locale, ces massages font office de médecine traditionnelle.
Les supermarchés du luxe
Le Lifestore de I et B (Ingrid de Borchgrave) à Bruxelles a révolutionné l’art de faire ses courses. Une succession de salons se déploie sur 1000 m² et deux étages. Des déjeuners privés sont organisés deux fois par mois autour d’un thème de discussion. On peut également se faire prendre en photo par le grand photographe Jean-Claude Wouters. Côté exclusivités, les rayons comportent des pièces griffées Lanvin, Jean-Charles Castelbajac, Jean-Paul Knott ou bien encore Christian Lacroix. Il s’agit véritablement d’un concept-store dont le but est de s’appuyer sur les choix et la renommée d’une personnalité.
A Paris, dans la rue Saint-Honoré, le concept de la pièce unique a fait le succès de Colette et constitue un authentique label à travers la planète. Cela va faire neuf ans que ce temple de l’exclusivité est devenu une référence mondiale. En terme d’approvisionnement des rayons, on privilégie la politique de l’instinct. Récemment, Colette s’est associée avec la marque Comme les Garçons pour créer une enseigne éphémère à Tokyo. Le succès de la boutique est surtout dû au mélange des genres et des époques et qui lui donné son surnom de " magasin des curiosités ". On peut y croiser des stars de Caroline de Monaco à Eva Herzigova S’il y a un endroit en France où la mode affichée possède une avance sur les autres, c’est bien chez Colette.
Toujours dans le même style, citons Zampa, véritable temple pour la culture zen à Paris : bougies, robes, babouches, … Petit plus : un immense canapé attend les clients. On y aperçoit d’ailleurs régulièrement Jean-Michel Jarre. Les néo-hippies et post-punk se précipiteront quant à eux chez Kiliwatch dans le 2ème arrondissement. En plus de son large choix, l’endroit dispose d’un rayon regroupant les titres de la presse tendance dont Arena, WAD et un nombre impressionnant de flyers sur les soirées parisiennes. Enfin, Le Shop est la grande surface hype du street-wear. Les tailles proposées respectent enfin les normes américaines, avec notamment des pantalons XXL.
A Londres, le Dover Street Market fait des émules depuis de nombreuses années. Ce grand marché de luxe est inspiré du Kensington Market des années 80. Il s’agit d’un squat de luxe aux murs nus, aux poutres d’acier et au sol de métal qui s’étale sur six étages et sur 1 200 m². Douze artistes et designers y mélangent leurs créations. A Paris, les " marchés de créateurs " (notamment à la Bastille) connaissent un succès équivalent. Mais le plus hype, c’est d’effectuer des soldes privés alors que le magasin est fermé. Certains créateurs ouvrent d’ailleurs les portes de leur boutique à une poignée d’invités la veille au soir des soldes.
Dubaï : un lieu tendance sur mesure
L’histoire de Dubaï est un projet fou pour ce minuscule état de 3 900 m². Afin de lutter contre la future disparition du pétrole à l’instar de la Suisse et de Monaco, l’exportateur d’or noir Rashid Al-Maktoum a eu l’idée de créer le plus grand port artificiel et le plus grand centre commercial du Monde, au carrefour de trois continents. Pour ne vivre que du tourisme de luxe, la recette est simple : peu de douane et d’impôts avec un prix de main d’œuvre des plus compétitifs. L’architecte anglais W.S. Atkins a réussit ce pari insensé. 80% de la population est composée d’expatriés.
La Tour Burj Al Arab est par exemple l’un des hôtels les plus haut du monde et les plus luxueux et avec ses sept étoiles. Une merveille d’architecture en forme de voile gonflée avec un mât de 321 m. Le cœur du bâtiment est un atrium de 180 m de haut. De nombreuses légendes urbaines circulent à propos de l’hôtel Burj Al Arab : caviar à volonté au buffet, arrivée de l’aéroport en hélicoptère et un restaurant sous-marin. Aucune n’a été pour l’instant vérifiée. En tout cas, les 202 suites de 107 à 708 m² existent bel et bien.
Mais dans 50 ans, quelle société apparaîtra à Dubaï ? Car, dans très peu de temps, l’Emirat devra faire face à cette hausse de la population, les problèmes urbains et l’accueil de familles moins favorisées. Il est vrai que les villes nouvelles ont souvent une vie éphémère. Cependant, cela ne freine en aucun cas les nombreux projets sont à venir : une île artificielle gigantesque, un immense parc de loisir, un hôtel sous-marin et la plus haute tour du monde. L’hôtel sous-marin est assemblé en ce moment en Allemagne et sera acheminé fin 2006. Le prix d’une des 220 suites s’élèvera à 500 dollars. Enfin, près de 300 îles artificielles sont à vendre entre 6,2 à 36,7 millions de dollars. Dubaï, ville-état anachronique, est dès à présent sur la carte mondiale.
Le phénomène des lieux branchés reste un concept flou et personnel. Il peut à la fois se singulariser par le côté exclusif de ce qu’il offre, la catégorie sociale qui le fréquente, l’accès limité par le nombre ou le prix, voire même le secret qui entoure le lieu. Mais il existe également plusieurs degrés de " population branchée " qui évoluent suivant les mœurs de notre société et les influences que ces catégories ont sur la vie culturelle ou économique.
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> Le monde de la contrefaçon