Publié par Longueur d'Ondes

Carte d’identité : auteur de deux albums pop électro rock, parolier d’Isabelle Boulay avec Francis Cabrel (« Une Autre Vie »), concepteur multimédia, éditeur musical (Jazzimuth Création), créateur de Sofia Label avec Lili Cros.

Thierry-Chazelle.JPGQue proposez-vous par rapport à vos concurrents ?

A la fin de mes concerts, chaque personne peut partir avec mon dernier album.  Le principe est simple : en échange d'une adresse, je fournis un album avec une enveloppe qui sera utilisée à m'envoyer un chèque ou à me renvoyer le disque selon leur appréciation... C'est un geste basé sur la confiance et qui affirme mon indépendance.

Je mène cette expérience depuis plusieurs mois et non seulement les ventes de fin de concert n'ont pas baissé, mais les emprunts ont contribué à augmenter les ventes. Des chiffres ? Parmi les emprunteurs, 80 % des gens ont envoyé un chèque. J'ai eu un seul retour et certaines personnes ont "oublié" de prendre une décision... 20% de perte c'est peu finalement quand le système de distribution classique finit par coûter  50 % du revenu des disques.

Les autres avantages de cette initiative, c'est que le lien entre le public et moi se resserre : la plupart du temps je reçois un petit mot accompagnant le chèque. Et puis cette idée a séduit quelques journalistes qui ont souhaité en parler sur Europe 1, France Inter, Libération, France 3 Aquitaine et aujourd'hui ... Longueur d'Ondes !


Que pensez-vous de l'avenir des artistes et des maisons de disques ?

Des artistes il y en aura toujours, les industries meurent parfois. Les "majors" qui passent leur temps à fusionner représentent maintenant un pouvoir démesuré comparable à celui d'IBM dans les années 70. Leur chiffre d'affaire repose essentiellement sur les stars du catalogue et le développement d'artistes est peu rentable. L'offre artistique elle, est de plus en plus nombreuse. Les artistes, dotés de nouveaux outils informatiques, peuvent s'enregistrer, se filmer, se promouvoir sur le net, mais dans cette jungle des petits, la dilution est maximum. Entre les deux, les petits et moyens labels, les artistes qui vendent mais pas trop,  beaucoup de ceux là payent un fort tribu à la crise du disque en se faisant racheter ou en disparaissant. Un tableau de crise que tout le monde connaît.

La vraie question est : y a-t-il encore assez d'argent dans ce métier pour que tout le monde puisse en vivre ? La réponse est non, évidemment.  Dans les années 60, un artiste était accompagné de son impresario et de son producteur. A l'âge d'or du CD au milieu des années 80, on prétendait qu'un chanteur à succès devait faire vivre 50 personnes ! En 2005, Pascal Nègre (PDG d'Universal)  annonçait publiquement qu'un artiste qui vend moins de 100 000 copies par album n'est pas rentable pour sa société. La crise du disque nous oblige à tout repenser !

Je crois que les artistes doivent s'émanciper
. Cesser de croire au producteur providence (qui verse à l'artiste 1 Euro par disque vendu) et se mettre sérieusement au boulot. Lili Cros et moi, avons choisi l'indépendance. Nous n'avons ni éditeur ni producteur et nous limitons au maximum les intermédiaires. C'est le prix de notre survie et celui de notre liberté. Nous voulons posséder nos enregistrements et maîtriser nos choix de carrière.  Il faut alors savoir faire des additions et les multiplications : avec 2 à 3000 ventes par album, le revenu des concerts et la SACEM, nous avons de quoi vivre et progresser dans ce métier !

Mais bien évidemment, on ne peut rien faire tout seul !  Les diffuseurs, revendeurs, distributeurs, tourneurs et autres partenaires doivent aussi s'ouvrir à de nouvelles façons de fonctionner. Nous passons, Lili et moi, pas mal de temps à exposer notre démarche et constatons que les bonnes volontés ne manquent pas. Qu'on se rassure,  la musique demeure un métier de passionnés !

LIENS
> Site officiel

CRISE INDUSTRIE DU DISQUE
> Borey Sok "Musique 2.0"

> Christian Ward - Last.fm
> Sophie Samama - Deezer

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