Watcha Clan en interview (2ème partie)
Rencontre à l'occasion de la sortie de l'album « Dispora Hi-Fi »
Car une des notions principales de la démarche de Watcha Clan reste le nomadisme. Un mode de vie, autant qu’une façon de penser selon Sista Ka : « C’est une liberté.... Nous sommes tous conditionnés par notre passé, nos origines, notre famille. Nous devons pouvoir choisir selon notre passif, nos acquis et s’inscrire dans le présent. Se concentrer sur l’émotion... Vous savez, les Juifs du Nord ont un caractère fort. Cela donne envie de s’affirmer... Cette jeunesse possède une forte culture musicale et une volonté certaine pour le changement. On retrouve les mêmes similitudes en Europe de l’Est. Moins en France, mais cela ne devrait pas tarder... » Cette liberté si chère au groupe, hors frontière et hors âge, Watcha Clan la pratique tous les jours, à commencer par le choix de l’autoproduction : « Nous nous manageons et nous nous produisons. Et même si c’est long, nous cherchons sans cesse et réalisons notre propre son. La rencontre avec le label indépendant allemand Piranha Music (pour la diffusion internationale) était donc cohérente au vu de cette démarche. C’est un label qui a, comme nous, beaucoup œuvré pour l’ouverture. C’est simple, au sein de toutes les cultures, la danse apparaît souvent comme une base commune. Alors pourquoi ne pas les mélanger ? Ces savoirs ancestraux se complètent très bien grâce aux générations immigrantes, même au niveau des langues. Cela explique pourquoi notre musique résonne de manière si naturelle, mélangeant spontanément l’influence des Balkans au niveau des cuivres, de l’Afrique du Nord pour le chant ou de l’Espagne pour les rythmes. »
Concernant le processus créatif, il n’y a pas de règles. Et il n’est pas rare qu’entre un album et les répétitions, il existe un fossé immense. C’est cette culture commune du remix qui les réunit, rejouant sans cesse le même morceau de façon acoustique, live, en version longue ou spontanée. Il est même parfois difficile de finaliser un morceau car la jam (improvisation) est sans fin tant que le plaisir est intact, d’où une intervention extérieure pour les arrêter. Nicolas Matagrin (Jarring Effects), l’ingénieur son de Meï Teï Shô les a aidé en ce sens : « Il a su rajouter des effets rock-dub sur nos créations. C’est une personne très authentique et humble. Une excellente rencontre à Lyon, en plein dans le studio du Peuple de l’Herbe. Le résultat ? Cela reste dans la continuité de ce que nous faisions, en prêtant une plus grande attention à la cohérence. Nous avons réussi à mener la production jusqu’au bout. »
Quant à leurs influences, le groupe cite spontanément Marseille : « C’est notre ville d’adoption. Elle est très métissée, très populaire. C’est un lieu qui inspire mais où il est difficile de travailler. Une ville décontractée, sans le moindre encadrement, où tu te moques de l’image que tu renvois. Très méditerranéen, en somme... Mais nous nous y sentons très bien. C’est pour cette raison notamment que nous sommes toujours en France. » Côté scène musicale internationale, les choix du groupe sont aussi collégiaux et cités d’une même voix : « Nous avons évidemment des affinités avec Asian Dub Fondation. D’ailleurs, après avoir fait leur première partie il y a quelques années, c’est eux qui nous ont conseillé d’acheter notre sampler actuel. Sinon, nous pouvons également citer Tinariwen, Transglobal Underground ou bien Lo’Jo en France. Ce sont des groupes qui nous ont toujours correspondu éthiquement et artistiquement. Voici des excellents exemples d’une musique recherchée en conservant une patte traditionnelle. »
Exemple à suivre.
LIENS
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