« Pompoko » : la victoire du géant vert
Sortie en France d’un des classiques du dessin animé japonais, sorte de fable écologique à double lecture
Finis les clichés violents ou abrutissants que l’on attribuait aux séries nippones des années 80, le lancement de « Pompoko » en 94 avait marqué un revirement du genre, teinté d’une morale humaniste. Disney a compris que trop tard de l’utilité d’une telle réflexion et s’était lancé dans l’autodérision avec l’aide des studios Pixar. Plus connu des initiés français avec son somptueux « Tombeau des Lucioles », Isao Takahata raconte ici la lutte des tanukis, sorte de raton laveur du folklore japonais, au prise avec la déforestation et l’assaillant industriel. Leur capacité à se transformer permettra aux tanukis d’approcher les humains pour en comprendre les motivations.
Poésie burlesque
Le dessin n’est pas aussi travaillé que « Princesse Mononoké », mais le message reste tout autant appuyé. Dans un Japon dévoré par la modernité, le cofondateur des productions Ghibli avec Miyazaki (« Voyage de Chihiro », « Château dans le ciel ») alterne les ruptures de ton entres scènes absurdes et plaidoyer. Ainsi, l’intrigue laisse autant entrevoir une attaque menée à l’aide de ses parties génitales tandis que la scène suivante fait état des martyres de la lutte, morts en héros. Même si le réquisitoire est efficace, le récit se part parfois dans une longueur excessive. Une œuvre intelligente qui avait surpassée au Japon les entrées du Roi Lion.