Vieilles Charrues 2008 : Motörhead, même pas mâle ?
Une lèvre velue à faire pâlir les bigoudens et l'aisselle aussi fournie que la testostérone de son public... Lemmy, ce sacré filou, a su faire vrombir son pétaradant navire au rythme d'une marée qui en avait autant l'odeur que la forme.
Il en a connu des déboires, le vieux briscard. Oui, mon p'tit. Assez pour désormais travestir son regard aguerri derrière d'insolentes lunettes noires. Cliché Heavy Metal ? Qu'importe. C'est un survivant. Ancien roadie de Jimi Hendrix et bassiste d'Hawkwind, seul membre permanent du groupe depuis ses origines, consommateur d'amphétamines et candidat malheureux à la transfusion sanguine... Quand Motörhead passe, l'herbe ne repousse pas. Pourtant, on dit que le prétendu démon a un comportement d'ange, aussi à cheval sur la politesse qu'une nonne dans un camp de scouts. Oui, l'vieux burné est sensible. On ne rigole pas avec ça. Et qu'importent les assauts sourds et profonds de sa basse devant un public accroché à son voisin comme une moule à son rocher. Lemmy en a vu, mon p'tit. Il en a vu.
Rien ne défrise ses tatouages, sorte de peintures de guerre, et chaque nouvelle salve est autant de coup de bottines vernies à la face de la virilité ambiante. Ca sent la sueur, mec. Le crachat. Ca pourrait presque sentir le sang, ouais. Le son est massif, imposant, brutal, violent, lourd. Et l'attitude nonchalante et impassible - voir presque amusée - du maître de cérémonie, brouille l'affront et rend impossible l'anticipation du set. Furieuse, la basse gronde, sorte d'arme de poing à la fois rythmique et mélodique. Derrière cette cavalcade, le batteur chevelu pilonne à la manière du mortier et tente de rattraper l'assaillant. C'est un tout, compact et dévastateur, qui vous fout la trique et vaut tous les régimes amincissants du monde.
Archétype? Qu'importe, j'vous dis. Motörhead aurait du virer son manager. Celui-là même qui avait conseillé au groupe de changer de nom afin de passer dans l’émission anglaise Top of the Pops. Car au regard de la prestation de ce soir, et bien qu’apparaissant comme leur meilleure définition, le combo méritait d’abandonner son cigle Motörhead pour reprendre celui initial : Bastard…
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