Vieilles Charrues 2008 : the Darc side of the moon
Oubliez Mireille. Oubliez Jeanne. Oubliez Vador. Dans la famille Darc, j'appelle Daniel, prêcheur décadent de son propre repentir. Si ce coup-ci il ne s'est pas tranché les veines comme au Palace en 79, ce sont assurément ces tripes qui gisaient à terre.
Taxi Girl ? L'aumônier s'en sert comme d'un cendrier. Sur place, l'église a pris feu depuis longtemps et chaque rasade de whisky en réveille les plaies sanguinolentes. Car si la robe protestante de l'artiste participe à sa mythologie, les stigmates (prison, drogues) restent, eux, intacts et perceptibles. Et de cette époque, le p'tit Dany n’en conserve que l'urgence du propos : une écriture simple et immédiate dont les résonances du passé se ressentent même dans la démarche chaloupée de l’auteur.
Vengeance ? Non. Rédemption. Comme le titre de sa reprise a capella de Bob Marley. Prix 2008 du Miossec bourré, le vilain canard de la chanson française en possède autant la voix que le statut de rejeté. Lui, le sublime bâtard aux traits tailladés à même la chair, est enfin revenu d'entre les morts. Et des morts, il en a connu : du batteur de Taxi Girl en passant par la fin des années 80, époque fluo et chevelu que nos contemporains se sont empressés de renier.
Lazare ? Non. Christ ressuscité d'entre les flows. Daniel Darc s'écroule autant qu'il se relève, malmène ses nouveaux disciples d'un rictus cynique et joue impassiblement de l'harmonica en coulisses. En compagnie de ses apôtres, réunis sous le nom d’Asyl, le prophète de l'Apocalypse se joue des dogmes rock et livre un sermon dépouillé et boitillant d'une lenteur incandescente.
Inégal ? Oui. L'artiste est aussi imprévisible qu'indomptable. Et c'est précisément ce qui en fait le charme.
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