Publié par Rue89

Hier, instrument médical. Aujourd’hui, accessoire de mode. Exit les anciens culs de bouteilles, les nouvelles montures font désormais dans le tape à l’œil. Et, n’en déplaise à Mac Lesggy, plus c’est gros, mieux c’est.

C’est fini. On ne tente plus de camoufler ses carences optiques sous de discrètes montures, rangeant alors avec hâte la paire dans l’étui dès son utilisation. Au contraire, on affiche sa différence en soulignant et en encadrant son regard. A la manière des personnes fortes qui trompent l’ennemi en portant des vêtements larges ou flashis. Terminées les lentilles, les lunettes sont devenues un élément clé de l’apparence. Assez pour voir sa myopie comme un atout ou porter des lunettes sans autre raison que le look. Mais plus que des modèles classiques, ce sont surtout les grosses montures qui effectuent leur retour : plastiques, écailles, bois, etc. Elles qui justement semblent tout droit issues de la malle à déguisement pour en épouser désormais les codes retro-intello.

Secrétaires polissonnes, graphistes ou étudiants en école d’Art

Il y a tout d’abord les lunettes Nerd, noires et imposantes à la Nana Mouskouri ou à la Marie Colmant (Canal+), celles précisément des informaticiens assidus ou adeptes de modélisme et dont on peine à deviner le regard. Il y a aussi les grandes rondes à la Karl Zero ou Elvis Costello qui adoucissent les traits sous des allures de bonhomie rassurante. Et puis il a ceux qui en ont fait leur marque de fabrique comme Woody Allen ou Derrick, quitte à alimenter les stéréotypes. Car, plus qu’aucun autre accessoire de mode, les gros hublots permettent d’ouvrir le regard et de hiérarchiser un visage en lui donnant du caractère. Ils définissent et signent un style. Mieux, une appartenance à un groupe.

Les groupes de luxe participent à cet exhibitionnisme promotionnel

Depuis quelques années, les accords de licences avec les industriels de l’optique se sont multipliés pour en mettre plein la vue. Tous squattent le marché, de Tom Ford (ex-Gucci) en passant par Moscot, Yves Saint Laurent ou bien encore Chanel. Les lunettes de soleil s’affichent été comme hiver, sur le nez, dans les cheveux ou en collier façon pendentif en résine-plastique (Anne Lou of London, Tatty Devine. Un seul credo : voir, mais surtout être vu. Avec si possible des Wayfarer vintages de chez Ray Ban, façon Top Gun Sarkozy ou Philippe Manoeuvre. Avec des lunettes stores, style Kanye West. Voir sinon - bien que passées de mode au vu des récents défilés de Martin Margiela, Marc Jacobs ou Luella - des lunettes mouche ou papillon à la Nicole Ritchie. Hop ! Mi-vu, mi-connu.

Les fabricants français de lunettes sont leaders dans l’innovation

En France, les entreprises se sont repositionnées afin de faire face à leurs rivaux historiques italiens, les spécialistes de l’industrie du luxe. Plus que des montures acidulées et interchangeables, l’Hexagonal propose des alliances bois, corne, écaille ou peau de requin aux aciers et plastiques habituels. Presque un bijou, en somme. Mais, revers de la médaille, cette course à l’innovation favorise et contraint au renouvellement régulier des collections. Et c’est sans compter sur le nouvel engouement pour les lunettes de sport. Une croissance logique qui accompagne la progression de la mode sportswear. Et concernant l’avenir, c’est aussi du tout vu ! Réalité augmentée ou améliorée, la technologie va permettre de voir certains éléments en relief et en 3D ou d’afficher des informations sur notre environnement à la Terminator.

Le lobbying des appareils dentaires est en deuil.




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