Publié par Longueur d'Ondes

INTERVIEW. Depuis 95, on s’était habitué. Les volets continuellement fermés, la joyeuse bande s’improvisait tzigane une partie de l’année. Résultats ? 1 000 concerts dans 25 pays différents. Puis plus rien depuis l’accident cérébral d’un des chanteurs et un dernier album resté orphelin depuis 2004. Jusqu’à aujourd’hui… Rencontre avec David et Manuel.

Finies les pochettes ska-roots, direction l’esthétisme léché et onirique ?

Cela résume notre nouvel état d’esprit. C’est Eugenio Recuenco qui nous a poussé dans cette voie. C’est un type qui vient de la mode et de la pub. Sur cet album, il s’est occupé du clip de notre single « Marions-nous au soleil » d’où est tiré cette photo. Nous n’avions pas pour but de changer notre univers, ce que nous voulions c’est juste ne pas perdre notre identité. Puis c’est la vie qui l’a décidé pour nous : les voyages, la fatigue, puis l’accident grave de David. Nous avons cru le perdre.

Cet accident semble, encore aujourd’hui, trouver quelques échos dans votre processus créatif…
À l’époque, le groupe s’est retrouvé orphelin, en situation de mort clinique. Cette situation nous a mis les pieds au mur. On a flippé du fait que tout s’arrête. La seule façon de s’en sortir a été de se souder. Cela se sent dans nos titres : nous n’avons jamais eu autant plaisir à jouer ensemble. L’émotion est plus tenace, plus profonde. Nous utilisons davantage le filtre de la chanson d’amour. Pas celui de la relation amoureuse classique, non. L’amour propre ou l’amour entre potes.

Par pudeur, vous auriez pu ne pas l’évoquer.
Ne pas en parler, c’est occulter un élément fondateur. A l’origine, n’oublions pas que nous sommes avant tout des raconteurs d’histoires. Dans nos textes, nous ne faisons pas de psychanalyse, mais nous parlons de notre vision de la vie. Il existe un lien, une causalité avec notre sphère privée. Avant, nous avions peur d’être Babylon Circus. Maintenant, plus nous nous rapprochons de nos objectifs, plus nous les rehaussons.

A force de parcourir tous ces pays, n’avez-vous pas eu la tentation de faire exclusivement de la world music ?
De toutes ces expériences, nous conservons bien évidemment des traces. Cela nous a souvent donné des pistes pour construire une mélodie, mais au final, cela est peu perceptible. Et puis, nous n’avions pas envie de nous transformer en compilation ou en documentaire de France 5… (Rires) On ne peut rien dire pour l’instant, mais nous travaillons très dur en ce moment pour faire un véritable spectacle autour de ce nouveau répertoire. Cette folie, nous l’avons en nous, mais ce n’est pas à nous que nous parlons.

Des anecdotes particulières pendant l’enregistrement ?
Mise à part la crise d’épilepsie de David au bout du 2ème jour de studio ? Certaines chansons ont été enregistrées dans notre local enfumé, très tard la nuit et dans des conditions très roots. Impossible de retranscrire ces morceaux en studio tant l’ambiance captée y était particulière. Sinon, le single avec Karina Zeviani a été enregistré deux jours seulement avant le clip. Si vous tendez l’oreille, vous entendrez en fond quelques coupes de champagne qui fêtent l’événement. Nous l’avions croisé par hasard en studio avec le producteur de Nouvelle Vague.

Côté musique, quels changements pouvons-nous noter ?
C’est plus ouvert. On a toujours envie de faire danser les gens, mais on se confie un peu plus. Beaucoup disent se reconnaître dans les textes. Je crois que l’écriture est vraiment l’axe principal de ce disque. Un album à écouter n’importe quand et dans tous les sens. Il nous fallait y maintenir les émotions, sans sombrer dans le nombrilisme. Avec les anciens morceaux plus festifs, cela crée un équilibre parfait.


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