DahLIA « Une lumière dans les ombres » : 12 octobre 2009
Au dessus du bac à disques, on cherche, on fouille, on déniche. Plein de sueurs et de spasmes. On frôle l’objet… DahLIA. Chanteuse soul ? Hippies ? On s’intrigue, on hésite. Car le nom est trompeur. Et pourtant.
Comment passer à côté de ce duo breton, formé par Guillaume Fresneau et Armel Talarmain qui, depuis 99, joue les saute-mouton dandy entre énergie rock, sensibilité pop et fantôme folk ? Car l’album à de quoi prendre ses aises dans ce bac, tapant alternativement le carton avec ses voisins de chambre : Sebadoh, Diabologum, Franz Ferdinand et Ra Ra Riot.
Une vraie arnaque de sortir ce troisième album en CD ! Des choses comme ça devraient se savourer, avec les craquèlements d’usage, même si la grande cohérence de l’oeuvre donnerait des envies de rasades incontrôlées. Le verre pétillant. Le verbe aussi. Et les volutes de fumées pour tapisserie. Là, dans le fauteuil ouaté, il faudrait prendre le temps de poser le vinyle sur la platine. Il tournerait à vide pendant les deux premières secondes réglementaires avant que le son n’exulte des sillons d’ébène. Fendant le silence avec hâte, DahLIA distillerait sa musique à tiroirs. Intemporelle. Mi-clinique, mi-rouillée. Une musique qui soupire et s’étire. Qui sait respirer.
Dans « Une lumière dans les ombres », exit les versions anglaises non sous-titrées et les samples cajoleurs. Les nouveaux titres, testés sur les tarmacs d’Allemagne et d’Afrique, ont su guider DahLIA vers un son plus direct. Plus live. Résultat ? Un son porté par une guitare rock qui sait se faire acide, se plier, immédiate et obsédante. Cristallisée par Rudy Coclet (Arno, Mudflow) au studio Rising Sun de Bruxelles et patinée eighties par Gilles Martin. Le tout sous des arrangements pop, proposés en version mille-feuille british, avec un arrière goût de folk US à la Carter Family, dont le titre « Une lumière dans les ombres » rend ici l’accolade.
Il faut dire qu’on ne la leur fait pas ! Première partie de Tarmac, lauréats du Fair, sélections des Eurockéennes et du Printemps de Bourges, ou encore invités de Taratata… Le duo cache bien son jeu. Et les choses ne sont pas prêtes de s’arranger avec le recrutement du batteur Yves-André Lefeuvre (Miossec), du clavier Thomas Schaettel (RoadRunners, Santa Cruz) et de l’ingénieur son Guillaume Jouan (Miossec, Karin Clercq). Pas étonnant que la fine équipe sache si bien vous culbuter les neurones. Ils sont là, tapis dans l’ombre. A guetter l’instant, patiemment. Et vous sautent à la gorge dès que votre attention se relâche. Pour preuve : « Une nuit ». Le type même de single qui vous colle une main dans le dos pour ne plus vous quitter. Qui vous tient la jambe à force d’écoutes, pour ensuite, s'y frotter.
La voix y est pour beaucoup. Carbonisée au grill texan (où a grandit Guillaume), étendue et ralentie jusqu’à son point de rupture. Parfois aussi, délicieusement grinçante comme le crin de l’archet sur le violoncelle d’Armel. Cette voix, nasillarde et caractéristique, participe à l’intimité du registre autant qu’elle sait libérer une pure énergie rock sur scène. Plutôt nerf que muscle, ses torsions ne sont pas que mélodiques. Elles savent donner matière à lire, avec des paroles aussi sinueuses que mesurées. Des histoires d’amour éphémères et des saynètes mélancoliques. Assez belles pour ne pas les écouter en ciré, mais à fond. Le casque aux oreilles. Les yeux mi-clos. Et si l’on vous fait remarquer que votre tête dodeline, ne mentez pas, accusez la judicieuse âpreté du tempo.
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