BO Dahlia Noir : fleur bleue ?
La bande originale du film de Brian De Palma est une fidèle adaptation de l’univers estampillé James Ellroy : glamour, esthétisme et ambiance rétro. Un retour aux sources profitable pour De Palma, après 10 ans d’égarement, loin des pesants Mission to Mars ou Femme Fatale.
Le moins que lui puisse dire, c’est que le casting a été des plus mouvementés, jouant régulièrement la chaise musicale. Le réalisateur David Fincher, l’acteur Mark Walhberg ou le compositeur James Horner (Braveheart, Titanic) en ont d’ailleurs fait les frais. La production fera finalement appel à Mark Isham, pionnier de la musique électronique dans les années 80, avec pour tableau d’honneur quelques prestigieuses distinctions : Hitcher, Au Milieu Coule une Rivière, Des Hommes d’Honneur ou encore Collision.
Noir, c’est noir
L’ambiance du Los Angeles d’Après-Guerre y est parfaitement dépeinte. La section de cuivres, éléments indispensables du style, est obsédante et rythmée par les volutes de fumées d’un bar tamisé et inquiétant. On imagine sans peine les fonds de ruelles noirâtres ou les mines patibulaires accoudées au comptoir dont seuls les crachats expriment un brin d’humanité. La violence y est sous-entendue, trop calme pour ne pas y deviner les brouillements intérieurs. Les compositions suintent le polar et la pluie dans une partition presque visuelle et pessimiste. L’ombre de L.A Confidential ou Chinatown n’est pas loin.
Fleurs du mal
Sous des couleurs le plus souvent jazzy, Mark Isham se met véritablement au service des images, transformant chaque apparition féminine en candide pin-up d’antan. On ne se surprendrait d’ailleurs pas à entendre quelques stridentes sirènes de flics ou y croiser des courses poursuites sur le pavé mouillé. La basse est grasse et la batterie berce l’auditeur de ses caresses subtiles, mais prive du sentiment d’instabilité ambiant de l’époque. Car malheureusement, au-delà de son excellente composition, l’ensemble du disque reste un brin linéaire, préférant servir fidèlement le propos plutôt que de se différencier indépendamment. Le compositeur fait la même erreur que le scénariste Josh Friedman : une adaption visuelle au-delà des espérances, mais ne restituant pas toute l’énergie fiévreuse de Ellroy.
HellRoy
C’est donc un hommage profondément noir et respectueux que réalise Mark Isham, mais qui manque d’un brin de folie sulfureuse et créative, proche des envolées de la black music. Si l’obsession et la fascination plastique sont au cœur de l’intrigue, il n’en demeure ici qu’une nouvelle énigme. Une bande originale plus classieuse qu’un habituel album d’easy listening, et à la porte de la perfection, mais qui fait défaut en rupture de rythme et de ton. Où sont les divas noires du soul et les jams des fonds de caves au son crade ?
A réserver pour les halls d’hôtels 3 étoiles ou les palaces, plutôt que pour les tripots clandestins et les maisons closes.
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