Chroniques albums indie avril 2011
Odezenne « OVNI »
Fini le nom de o2zen, les cinq MC bordelais reprennent des couleurs et leurs lettres de noblesse avec ce nouvel album. Côté art work, l’univers a été bichonné par le photographe Sébastien Cottereau et l’artiste Edouard Nardon (collectif Cuhllection).
Un habillage sobre, mais chic, loin des classiques du genre. Juste ce qu’il faut. Parfait pour habiller d’un manteau doudouneux les excellentes instrumentations à base de samples cuivrés, d’orgue fantôme, de chorale d’enfants et de scratches légers. Idéal pour un ton résolument monocorde, pour du « parler-vrai ». Et malgré parfois quelques facilités de langage (on attendait mieux d’eux…), le flow est extrêmement fluide. A la cool et tranquille. Sur un fond jazzy et non loin d’un I AM.
Désabusés ? Réalistes, oui ! « Un goût amer dans nos syllabes et du spleen en décibels » ? Certainement la meilleure définition de ce rap humaniste et résolument post-bling-bling... Hip hop hop hourra ! > Site web
Cosmos70 « A Poet With Nothing To Say »
Le trio lyonnais, composé de Michel Robiche (dont la voix habite 4 titres), du compositeur Didier Blanché et du vidéaste Aurélien Pescher, a mis deux ans à préparer ce nouvel space-rock électro. Pas de constructions en opposition ici, mais bien de savantes assimilations : pop et électronica, instruments et machines, analogique et numérique.
Une électro contemplative aux rythmes discrets. Un chaud-froid éthéré qui fait de ce deuxième album un opus plus lumineux que son prédécesseur. Une perspective qui ouvre davantage les paysages parcourus, entre promenades hypnotiques et aériennes, puis ambiances urbaines et oppressantes.
L’ensemble comporte comme colonne vertébrale une douce mélancolie, dont l’optical art des pochettes illustre parfaitement les multiples reliefs et textures. Mention spéciale au travail sur les cordes, faisant parfois basculer cette bande originale SF des seventies vers les frontières racées et rêveuses du groupe Air. > Site web
Antiquarks « Cosmographes »
Passée l’autroproclamation facile d’OWNI (« Objet World Non Identifié »), les intentions du duo lyonnais Sébastien Tron et Richard Monségu n’en reste pas moins louables : réaliser un album universel. Pas universel dans le sens « consensus commercial », mais bien culturel.
Pour cela, les deux multi-instrumentistes redonnent vie à la vielle à roue, au luth mongol ou encore au cor d’harmonie, convient quelques jazzeux et emploient une sorte d’espéranto revisité. Chaque titre comporte alors sa part d’expérimentation et d’exotisme empruntée tour à tour aux cultures orientales, tribales et/ou africaines.
L’esthétisme se veut à la fois polymorphe dans ses entournures, cosmopolite dans ses approches. Un objet classieux et propre. Et c’est bien là où la formation pêche parfois : de part sa production très soignée, les compositions y préfèrent davantage les salles ouatés que l’écho des rues et des cris qu’elles sont censées (re)visiter. > Site web
Raoul Petite « Yes Futur ? »
Depuis les eigthies, cet increvable collectif joue les Frank Michael hexagonaux, enchaînant les contextes ubuesques à la Boris Vian et plus de 1000 concerts européens dans l’indifférence des médias principaux. Il faut avouer que l’esprit est souvent léger et/ou foutraque, dans la tradition des Billy ze kick ou encore Wampas. Reggae, rock, groove, électro… Tout y passe.
Pas étonnant de recevoir ce coup-ci, le temps d’un hit (« Y’en a marre »), le très médiatisé Didier Super. Echange de bons procédés ! On retrouve même les recettes traditionnelles qui ont fait leur succès : influences world, paroles non chantées, engagées et/ou surréalistes.
Mais le problème avec les mythes, c’est que l’on s’attend toujours – à tord ? – à recevoir une leçon. Alors certes, le dixième opus de Christian Picard (alias « Carton ») est un bon cru mais, depuis, les élèves ont dépassé le maître... On se rattrapera avec leurs – toujours excellents – concerts. > Site web