Publié par Longueur d'Ondes

De ses pâturages autrefois rock, on peut parfois regretter le virage « grand public » entamé par le festival du Centre-Bretagne depuis quelques années. Un virage qui n’a toutefois pas fait dépérir sa légendaire et indéfectible ambiance au délicieux goût de permissivité.

Webcover.jpgCar venir aux Vieilles Charrues est toujours l’assurance d’un joyeux charivari humain et multidisciplinaire. Drapeaux et pichets de bière en guise d’étendard, le festival est à l’image des générations qui la fréquentent : ouvertes sur les styles et les formes, garantes d’une certaine tradition et relai d’une fierté locale enfin retrouvée. La 19e édition fut ainsi une nouvelle fois l’occasion d’échanger quelques levers de coudes avec l’autochtone agriculteur ou l’arrière petit-fils punk d’une bigouden. L’occasion également de troquer le kebab contre la galette-saucisse devant des arts de la rue ou un artiste en devenir. Bref, un festival de territoire potache qui, espérons-le, ne trahira pas ses ambitions d’origine en conservant intact son attention constante aux associations locales, à la décoration et aux festivaliers, car c’est assurément – et depuis le début – son principal atout. Et ce, bien avant la programmation qui le définit chaque année. Tout le monde vous le dira…

Nouveau record : 242 000 festivaliers
Côté programmation justement, l’ensemble s’apparentait parfois à un rendez-vous de garçons coiffeurs : effet « sortie de douche » pour les mégalos de Muse démarrant en trombes (d’eau) les festivités, mode « chiens mouillés » pour les épaisses crinières des sosies d’AC/DC (Airbourne), la raie au milieu chez Jacques Dutronc (intacte depuis quelques décennies), mèches désinvoltes et décomplexées chez l’ému Alain Souchon, les poils hérissés pour 69 – le duo de l’ex-chanteur de Sloy, un crane glabre pour le talentueux rappeur US Brother Ali et enfin la traditionnelle coiffe à plumes chez un Jamiroquai d’1m50. Voilà pour les plats principaux au menu des 4 jours. Un hilare – et habituel – grand écart. Les Charrues, quoi.

Fautes de goûts
Dans les mauvais élèves, on peut tout de même noter une Diam’s métamorphosée. Alors que ces premiers concerts étonnaient (si, si !) par leur fraîcheur, son second passage aux Vieilles Charrues fut marqué par la stupeur : ambiance variétoch’, choristes déguisés en gaulois et reprise de « La Corrida » de Francis Cabrel… On ne sait quelle mouche (tsé-tsé) l’a piqué depuis qu’un voile la coiffe. Ni même ce qui a provoqué l’immense melon au sommet du crâne des membres d’Indochine qu’une même mèche juvénile peine à cacher depuis 30 ans. Pourtant, la version longue de « L’Aventurier » fut malgré tout jouissive (le mot est lâché !) épargné par l’autosuffisance du reste du set. Mika a eu également son petit succès dans les campings, s’entourant sur scène d’une armée de jouets vivants. Ambiance colorée à la Marie Poppins, tournant rapidement au Michael Jackson névrosé. Quant à -M-, l’exercice resta propret. Le même qu’il y a 3 ans. Qui lui-même ressemblait à celui 3 ans auparavant. Un set énergique, réellement intéressant. Mais qui tourne, de fait, en boucle depuis longtemps.

Réjouissances
Heureusement, il y a ceux qui savent vous faire frémir quelques poils de bras comme David Eugene Edwards (chanteur des regrettés et mythiques 16 Horsepower) dont la voix résonnante et si caractéristique a rendu hommage – dans une battle Wovenhand / Muzsikas – à Kristina Rady (ex-épouse de Bertrand Cantat, membre du festival hongrois Sziget et du tremplin des Jeunes Charrues), disparue cet hiver. Des revenants, il y en avait également du côté hip-hop avec les vieux briscards rasés de NTM. Interlude musclée et bouffée nostalgique qui sentit bon le baggy streetware des 90’s. Le quatuor Gush confirma tout le bien que l’on pensait de leurs magnifiques harmonies vocales issues de la pop sixties, depuis leur apparition lors de Rock en Seine 2009. Enfin, les régressifs Sexy Sushi et les obscènes Punish Yourself ont joué magnifiquement les trouble-fêtes des bas-fonds. Opposition malicieuse et contrastée qui fit fuir le bourgeois pour notre plus grand plaisir (sadique).

 

Et demain ?
Noir Désir, Manu Chao, Têtes Raides, Ben Harper, Matmatah, Placebo, Arno, Java, Nougaro, Ska-P… Si le souvenir de l’édition de 2001 (qui ne fut en réalité pas les véritables 10 ans du festival, le 1er événement datant de 92, mais l’association ayant fait un mauvais calcul ! Il y a de quoi s’étouffer dans sa crêpe) provoque encore quelques baves incandescentes aux puristes, 2011 arrive l’année prochaine pour sa revanche...

On a hâte !

 
 

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