Festivals de musique : quel bilan pour 2009 ?
Le Syndicat National de l'Edition Phonographique et l’institut Gfk ont publié fin août des chiffres plutôt alarmants à propos de la situation du marché du disque lors du 1er semestre 2009 : -51,4% pour la téléphonie mobile, un déclin du CD au détriment de la production nationale (contre +3,6 points à l’international), le retrait des grandes surfaces alimentaires (33,8% aujourd’hui contre 57,7% en 2003), et enfin une décroissance des contrats d’artistes (37 signés pour 47 de rendus). Pas de quoi se réjouir donc. La chute de l’empire musical semble beaucoup plus qu’amorcée : elle s’intensifie.
Mais alors que la crise financière et la baisse du pouvoir d’achat aurait pu faire craindre le pire au live en provoquant la frilosité des spectateurs, les festivals ont maintenu le cap, atteignant même pour certains quelques records (voir encadré). C’est par exemple le cas des Vieilles Charrues, de Rock en Seine, du Main Square et de Fnac Indétendances qui ont explosés leurs chiffres, tandis que leurs collègues des Francofolies, 3 Eléphants, Les Escals ou Les Suds ont maintenu leur affluence…
Pour Christophe Platel du Paleo (Nyon / Suisse), « les billets ne s’étaient même jamais vendus aussi rapidement : 2h30 pour près de 200 000 billets ! Cumulés au chiffre d’affaire exceptionnel des bars, (…) nous nous orientons certainement vers une des meilleures éditions que nous ayons vécues. » Même constat pour Jérémy Frère d’Au foin de la rue (Saint-Denis-de-Gastines / Mayenne) : « Cette augmentation est très nette, puisqu'on a doublé notre affluence par rapport aux 10 dernières années. Ceci dit, notre programmation a sérieusement été revue à la hausse avec un budget doublé par rapport à 2008 (…) et une vraie fidélisation du public du fait de l’ancrage rural de l’association. »
Est-ce pour autant une tendance qui ne se confirme qu’auprès des festivals de plus de 30 000 visiteurs ? Art Session qui s’occupe du festival Musiques à Pile (Saint-Denis-de-Pile / Gironde) se refuse au clivage : « Nous ne pensons pas que la hausse de la fréquentation des gros festivals soit un handicap. (…) Nous conservons une vraie proximité entre les artistes et le public. La prise de risque que nous prenons avec certains artistes émergents nous permet de proposer et d’offrir une alternative face aux grosses machines. » Liz Millereau de La Guerre du Son (Landresse / Doubs) est du même avis : « A condition de cultiver une identité forte et une programmation qui sort du lot, les petits festivals ont un rôle primordial à jouer, notamment pour la diffusion des groupes locaux. » Le festival revende même son « refus de s'inscrire dans une surenchère du nombre d'entrées au bénéfice d'un accueil plus humain et d'une ambiance intergénérationnelle qui contribue pour beaucoup à notre succès. »
Alors à quoi est due cette excellente forme des festivals ? Pour Fred Lachaize du Reggae Sun Ska festival (Cissac Médoc / Gironde), c’est avant tout la récompense « d’une implication dans la vie locale » autant qu’une reconnaissance envers « les festivals qui ont pignon sur rue et qui sont là depuis des années. » Se rangeant derrière l’avis de Jean-Noël Escudié de Localtis.info, Jérémy Frère d’Au foin de la rue va même plus loin en invoquant « le non-départ en vacances des Français » qui aurait eu raison du « côté économique (un billet pour une dizaine de concerts) et libérateur des événements en ces temps de morosité ambiante. » Les festivals, un dérivatif à la crise ? Si l’idée semble effectivement crédible et si la fréquentation en hausse des musées et des cinémas semble le confirmer, aucune véritable étude sociologique ne peut pour le moment étayer cette thèse.
Et quand est-il de la grogne de ces dernières années sur l’augmentation des cachets des artistes, les contrats d’exclusivité et autres hégémonies étrangères du type Live Nation ? Si personne ne s’aventure désormais à prononcer officiellement le nom de la société américaine, le paysage musical semble tout de même avoir franchi un cap. Jean-Jacques Toux des Vieilles Charrues (Carhaix / Finistère) dit « ne pas souffrir des contrats d’exclusivité parce que nous avons la taille suffisante et que nous avons une configuration de fête populaire au large spectre. Les Charrues ne sont pas là pour faire du profit et, cette année encore, nous avons reversé 80 000€ à une centaine d’associations, fonctionnant proportionnellement avec peu d’argent public et de partenariats privés. » Pour autant, le programmateur admet « être parfois pénalisé par de gros festivals en Europe de l’Est qui fixent des prix sur lesquels nous sommes obligés de nous aligner. » Christophe Davy aka « Doudou » de Rock en Seine (St Cloud / Ile-de-France), la Garden Nef Party (Angoulême) et du Printemps de Bourges relativise également : « L’inflation s’est vraiment faite il y a 3 ans. Il n’y a pas eu d’évolution depuis, dans un sens comme dans un autre. En France, il y a de toute façon une bonne résistance à la surenchère. Et puis, même concernant les exclusivités, le phénomène reste mineur. Quand le groupe ne joue que dans ton unique festival pendant l’été, généralement c’est aussi parce que ça l’arrange… »
SUITE DU DOSSIER
> Quel avenir pour les festivals de musique ?
> Festivals : les chiffres de 2009
Mais alors que la crise financière et la baisse du pouvoir d’achat aurait pu faire craindre le pire au live en provoquant la frilosité des spectateurs, les festivals ont maintenu le cap, atteignant même pour certains quelques records (voir encadré). C’est par exemple le cas des Vieilles Charrues, de Rock en Seine, du Main Square et de Fnac Indétendances qui ont explosés leurs chiffres, tandis que leurs collègues des Francofolies, 3 Eléphants, Les Escals ou Les Suds ont maintenu leur affluence…
Pour Christophe Platel du Paleo (Nyon / Suisse), « les billets ne s’étaient même jamais vendus aussi rapidement : 2h30 pour près de 200 000 billets ! Cumulés au chiffre d’affaire exceptionnel des bars, (…) nous nous orientons certainement vers une des meilleures éditions que nous ayons vécues. » Même constat pour Jérémy Frère d’Au foin de la rue (Saint-Denis-de-Gastines / Mayenne) : « Cette augmentation est très nette, puisqu'on a doublé notre affluence par rapport aux 10 dernières années. Ceci dit, notre programmation a sérieusement été revue à la hausse avec un budget doublé par rapport à 2008 (…) et une vraie fidélisation du public du fait de l’ancrage rural de l’association. »
Est-ce pour autant une tendance qui ne se confirme qu’auprès des festivals de plus de 30 000 visiteurs ? Art Session qui s’occupe du festival Musiques à Pile (Saint-Denis-de-Pile / Gironde) se refuse au clivage : « Nous ne pensons pas que la hausse de la fréquentation des gros festivals soit un handicap. (…) Nous conservons une vraie proximité entre les artistes et le public. La prise de risque que nous prenons avec certains artistes émergents nous permet de proposer et d’offrir une alternative face aux grosses machines. » Liz Millereau de La Guerre du Son (Landresse / Doubs) est du même avis : « A condition de cultiver une identité forte et une programmation qui sort du lot, les petits festivals ont un rôle primordial à jouer, notamment pour la diffusion des groupes locaux. » Le festival revende même son « refus de s'inscrire dans une surenchère du nombre d'entrées au bénéfice d'un accueil plus humain et d'une ambiance intergénérationnelle qui contribue pour beaucoup à notre succès. »
Alors à quoi est due cette excellente forme des festivals ? Pour Fred Lachaize du Reggae Sun Ska festival (Cissac Médoc / Gironde), c’est avant tout la récompense « d’une implication dans la vie locale » autant qu’une reconnaissance envers « les festivals qui ont pignon sur rue et qui sont là depuis des années. » Se rangeant derrière l’avis de Jean-Noël Escudié de Localtis.info, Jérémy Frère d’Au foin de la rue va même plus loin en invoquant « le non-départ en vacances des Français » qui aurait eu raison du « côté économique (un billet pour une dizaine de concerts) et libérateur des événements en ces temps de morosité ambiante. » Les festivals, un dérivatif à la crise ? Si l’idée semble effectivement crédible et si la fréquentation en hausse des musées et des cinémas semble le confirmer, aucune véritable étude sociologique ne peut pour le moment étayer cette thèse.
Et quand est-il de la grogne de ces dernières années sur l’augmentation des cachets des artistes, les contrats d’exclusivité et autres hégémonies étrangères du type Live Nation ? Si personne ne s’aventure désormais à prononcer officiellement le nom de la société américaine, le paysage musical semble tout de même avoir franchi un cap. Jean-Jacques Toux des Vieilles Charrues (Carhaix / Finistère) dit « ne pas souffrir des contrats d’exclusivité parce que nous avons la taille suffisante et que nous avons une configuration de fête populaire au large spectre. Les Charrues ne sont pas là pour faire du profit et, cette année encore, nous avons reversé 80 000€ à une centaine d’associations, fonctionnant proportionnellement avec peu d’argent public et de partenariats privés. » Pour autant, le programmateur admet « être parfois pénalisé par de gros festivals en Europe de l’Est qui fixent des prix sur lesquels nous sommes obligés de nous aligner. » Christophe Davy aka « Doudou » de Rock en Seine (St Cloud / Ile-de-France), la Garden Nef Party (Angoulême) et du Printemps de Bourges relativise également : « L’inflation s’est vraiment faite il y a 3 ans. Il n’y a pas eu d’évolution depuis, dans un sens comme dans un autre. En France, il y a de toute façon une bonne résistance à la surenchère. Et puis, même concernant les exclusivités, le phénomène reste mineur. Quand le groupe ne joue que dans ton unique festival pendant l’été, généralement c’est aussi parce que ça l’arrange… »
SUITE DU DOSSIER
> Quel avenir pour les festivals de musique ?
> Festivals : les chiffres de 2009