Portobello Bones : un pavé dans l’amer
Le groupe français de punk noise, avec plus de 10 ans au compteur, n‘avait plus donné de nouvelles depuis la chute du World Trade Center. Hasard de la situation, autant que la fin d’une époque... Jusqu’à aujourd’hui, du moins, avec la remise en liberté de leur répertoire en téléchargement libre et gratuit.
Février 1991-octobre 2001. La date fait frissonner – déjà ? – autant que les souvenirs adolescents se mêlent à l’implacable arithmétique. 10 ans de bruit, puis 10 ans et plus de silence. Une décennie passée dans chaque camp : musiciens tout d’abord, puis un retour du côté des spectateurs avec la glotte qui vous chatouillent les envies. Passé maître dans l’art de l’indépendance morale et commerciale (production, distribution, tournées), le groupe avait su s’organiser un enterrement de choix après 350 concerts dans toute l’Europe, 5 longs formats et des participations régulières dans des compilations. Et surtout, pour faits d’armes, un fonctionnement artisanal, Do it yourself 90’s oblige, au plus près des consommateurs. Au plus loin des sirènes mercantiles.
Ainsi, avec pour colonne vertébrale un combat idéologique qui ne peut s’effacer avec les rides, Portobello Bones ressort du bois avec une opération de déstockage massive. "Portobello Bones" (1993), "Nu" (1995), "Zyqkimasz" (1995), "Portobello Amigos" (1996), "Horma" (1997), " 6 Songs" (1997), "Refuse to keep silence" (1998) et "Eden on earth" (2000)... Tous ces albums sont en téléchargement gratuit, préférant que ces disques, depuis longtemps épuisés, soient une source de plaisir pour les uns plutôt qu’une source de profit pour les autres. Une cohérence éditoriale (la suppression des intermédiaires). Egalement, au fond, une nécessité historique : jamais le punk – et qu’importe l’écrin, fut-il en vinyle – ne devrait atterrir dans un musée. Question d’honneur.
Sur ce principe, les Portobello Bones et Chanmax records n’auront pas trahi la cause.
CQFD.