Agoria : « The Green Armchair ? La tournée m'a désinfluencé »
Moins confidentiel qu’Ivan Smagghe et moins compulsif que Laurent Garnier, Agoria est très vite devenu une des figures montantes de la scène électronique française. Aujourd'hui sort son nouvel album « The Green Armchair ». L’occasion de confirmer le talent et l’éclectisme de ce trentenaire lyonnais.
Avez-vous déjà pensé à reprendre votre vrai nom ?
Je ne me suis jamais posé la question. Si je le faisais ce serait pour un projet parallèle. Certainement un style radicalement différent comme l’électro jazz. Le changement d’identité permettrait alors de ne pas provoquer la confusion du public.
Qui s’occupe des pochettes singulières de vos disques ?
C’est un artiste que le label Pias m’a fait rencontré : Aboubabrar. C’est un gros travail en amont qui s‘effectue à chaque nouvelle pochette ou concert. Il faut généralement trouver l’idée à décliner. Pour l’album « The Green Armchair », il y a eu au moins 15 propositions.
Comment avez-vous abordé justement cet album ?
Je n’avais pas la volonté d’effectuer un virage. Cela fait 3 ans que j’écume les soirées et je n’avais donc pas de temps pour écrire. La tournée m’a « désinfluencé » et vidé. L’idée reste toujours de faire danser les gens, mais j’avais plus envie de créer une musique douce et mélancolique. Un disque ouvert qui montre toutes mes facettes de Queen of Stones Age en passant par Erik Satie et l’Acid House des années 90.
On y croise aussi quelques ambiances propres à Détroit…
Je ne me rendais pas compte des risques. C’est un instantané sans recul, mais la comparaison me flatte. Le Musée Motown monte justement cette cohabitation musique populaire / musique de niche. Cependant, je trouve que cette scène n’est plus innovante. C’est un vivier qui manque de renouvellement.
D’où vient l’idée de participations comme Neneh Cherry, Princess Superstar ou Peter Murphy (ex-Bahaus) ?
Je me pose la question après la création des morceaux instrumentaux, dont certains ont d’ailleurs été conservés sur la version vinyle. C’est dans la continuité du 1er album qui faisait déjà chanter Tricky. Je ne voulais pas décliner un simple concept. Des montagnes russes, c’est ça l’idée. Laurent Garnier a aimé et « 1026 » fait désormais parti des sets de Tiga, Felix Da Housecat, James Holden, Carl Craig ou encore Adam Freeland. Mon identité, c’est cette ouverture.
Vous avez dit autrefois que la « French Touch » desservait la production…
Les gens visualisaient l’électro comme tubesque ou radiophonique. Nous ne sommes pas de la consommation de masse pour dancefloors. C’est certainement pour cette raison que mon 1er album a d’abord marché en Angleterre. La French Touch , c’est avant tout un concept anglais.
Vous avez fait des gardes à vue dans le cadre de raves party…
C’était une époque où je faisais du forcing pour jouer vers 9-10h du matin car je n’avais pas de platine. Les organisateurs étaient généralement partis et je devais m’expliquer ensuite avec les autorités. J’ai un peu de nostalgie, mais chaque époque et chaque histoire a ses lampions dans les yeux. Si je regrette les passeurs sur les aires d’autoroute qui donnaient des plans foireux, je trouve également aujourd’hui d’autres plaisirs.
Un petit mot sur le festival des Nuits Sonores à Lyon ?
L’équipe travaille déjà sur la programmation 2007. J’appartenais au comité de pilotage des débuts. Je fais confiance aux organisateurs pour que le festival ne perde pas son âme en grossissant davantage. Les habitants sont désormais fiers de leur ville. C’est pour cette raison que je ne déménage pas, même si j’apprécie aussi l’énergie de Berlin… (rires)
Pourquoi la création du label Infiné ?
Il a été créé suite à ma rencontre avec le Marseillais Danton Eeprom et Francesco Tristano. Ce dernier a participé sur le titre « Violon Ivre » et sera notre première sortie. Ce ne sont pas vraiment des reprises, mais des interprétations. Carl Craig adore. Quant à moi je diffuse les remix, en particulier celui de Plaid. Nous n’avons pas d’objectif pour le moment, mais beaucoup de demandes à traiter au cas par cas. C’est une suite logique à mon parcours et un juste retour des choses…
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(Pias)