The Inspector Cluzo : hommes de l’oie
En moins de 10 ans, leur punk-rock couillu a été joué dans 700 concerts et 44 pays, faisant des gascons-landais l’un des groupes français qui tournent le plus. Le tout, cuisiné à l’ancienne sur 4 albums, poussant l’autogestion à son maximum : création de leur propre label… et même d’une ferme. Un documentaire leur est aujourd’hui consacré.
Exception culturelle à lui tout seul, le duo « terrien » a toujours su aller à l’essentiel. Car The Inspector Cluzo, c’est avant tout une guitare, une batterie et une voix juchée sur ses ergots. Une forme directe, comme pressée d’en découdre. Radicale. Et un punk crotté qui s’avale, 2 min. douche comprise, avec un arrière goût rock-soul bienvenu.
Mais ce qui émeut surtout, c’est leur artisanat et une éthique devenue rare. À l’ancienne. De celui qui préfère la maîtrise et le temps aux compromissions. Edition, management, dates de concert, marchandising… Les compères gèrent en solitaire, fiers de leur indépendance et les deux pieds dans la terre.
Quoi d‘étonnant alors de les voir à la tête de la ferme Lou Casse ? La préparation de foie gras, rillettes et autres confits, sans produit chimique et en quantité limitée, est un pas de plus vers leur liberté.
Pourquoi ? « L’envie de revenir au goût d’autrefois, à nos traditions d’entraide (graines libres ou échangées, surplus donné aux voisins…). C’est notre combat contre les multinationales qui veulent nous voler. Un système en équilibre où chaque action conditionne une autre. Et une dimension pédagogique sur le vrai gavage et l’importance de l’écosystème. » Presque une métaphore de l’industrie musicale…
Une dichotomie racontée aujourd’hui dans un documentaire, « Rock Farmers » de Yan Sourigues. Rappelant à ceux qu’ils croisent : « Nous sommes un groupe de carrière, et non à concepts. » Et, preuve que le projet nourrit leur dimension artistique (« Nous sommes animés d’une force indescriptible ! »), le prochain album devrait être un double…
> Interview (2013)