Festival 18 en scènes (2e partie)
Jeudi 20 septembre - Arènes de Montmartre
Bénéficiant d’un site en plein air, Yasmin Shah a placé le début de soirée sous le signe de la poésie. Avec son timbre cristallin à la fois fragile et puissant à la Kate Bush, l’artiste californienne, qui signe la publicité Segafredo (« Trust Me »), a su charmer un public remplissant l’assistance au compte-goutte. Phoebe Killdeer, l’une des muses de Nouvelle Vague, a ensuite enfoncé le clou en perdurant dans un univers presque cinématographique, non loin d’une Shivaree ou d’un Tom Waits. Ambiance blues et jeu de scène singulier… Le public est conquis. Enfin, les concerts se sont clôturés sur Moriarty, groupe franco-américain mêlant harmonica, sifflotements, banjo country, refrains blues et couplets folk. Un délicieux moment poétique - et anachronique - dans un décor de salon jauni. Pas étonnant, donc, d’y entendre autant une reprise de Depeche Mode que de voir un rappel réalisé sans micro et dans la foule. Tout simplement ma-gni-fi-que.
Vendredi 21 septembre - Arènes de Montmartre
Avatar frenchy de Ben Harper, du timbre de voix en passant par la Weissenborn et le point levé, Alexandre Kinn a offert un folk urbain idéal pour un début de soirée. Habitué des bars, la voix grave et chaude se pose avec douceur sur une musique proche d’un John Butler Trio et à l’interprétation parfois un brin répétitive. Changement d’ambiance avec l’iconoclaste Loïc Lantoine dans un gigantesque charivari organisé. Les textes sont d’une précision rare, mélangeant l’argot avec les vieilles tournures et faisant chaque fois mouche. A coup de fausses improvisations ou d’instruments incongrus (bouteilles d’eau, sac plastique, etc.), le conteur alterne entre nostalgie infantile et poésie humaniste. Ici, on scande l’amour pour la vie et les piliers de comptoir comme personne ne l’avait fait. Ca parle, ça s’apostrophe, ça murmure au son d’une mélodie cabossée et d’une liberté à fleur de mots. Une délicieuse joute verbale épicurienne et communicative.
Samedi 22 septembre - Arènes de Montmartre
Trois chanteurs. Trois guitares. Une soirée. Il y a tout d’abord eu Cyrz, un ancien batteur reconverti et ami d’enfance de Mathias Malzieu (Dyonisos). Sur scène, le songwriter a enfilé sa chemise de bucheron canadien, casquette vissée sur la tête. Le set est honnête : sampler au pied, harmonica autour du cou et sollicitation du public (un spectateur invité à mimer la chanson). Dommage que l’homme ne chante pas en anglais. Tout l’inverse d’H Burns, le chanteur de Don’t Look Back, dont on a tout de suite deviné l’affiliation avec la diffusion de vieux Bob Dylan pendant le changement de plateau. Personne ne semble s’étonner d’y croiser une reprise de Neutral Milk Hotel (en moins puissante) tant la chanson lui sied bien au teint. Impression d’un temps qui suspend son envol. Puis, ce fut au tour de Mick est tout seul et son interprétation si singulière, mi-parlé mi-sombre. En plus du répertoire solo du chanteur de Mickey 3D, l’artiste enchaîne quelques inédits (dont un pamphlet ironique à Montluçon) et des tubes de sa formation principale. Le tout se clôture sur un medley acoustique enchaînant les boucles de guitares, devant une famille déchainée qui a fait le trajet de St Etienne. Une ambiance champêtre automnale teintée de mélancolie.
> 1re partie du compte-rendu
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