30 ans L.O./ Paris sur l'avenir : Odezenne
L’hip-hop aux dames ?
Qui a dit qu’à Bordeaux, où l’ombre de Noir Désir joue les figures tutélaires, tout ce qui n’est pas rock serait obligatoirement bouchonné ? Un pied entre la Gironde et Paris, les cinq membres d’Odezenne n’ont pourtant pas à rougir de leur cépage. Hip-hop à la cool et sage, le pas marqué, mains dans les poches, l’accent sauvage et chantant d’à côté… L’équipée a su mettre en tonneau trois albums, au tanin tonique, vieillis et affinés en fûts synthétiques : « Sans Chantilly » (2008, en sortie digitale), « O.V.N.I. » (2011) et « Edition Louis XIV » (2012).
Même en changeant l’orthographe de son nom – O2zen en Odezenne –, l’exercice s’avère moins le signe d’un conformisme que l’envie de révéler ses lettres de noblesses. Brasseurs de sons (jazz, dupstep, électro minimale) et d’idées, les Girondins sont en effet – et malgré quelques facilités – champions de consonances et d’allitérations (« Des rêves de macs, de plaques et de péter les bacs. Crève de mac qui braque, j’éclate les watts. Traître, je traque les wacks. Bref, je craque les claques. ») avec un sens du rythme inégalé.
« Rap ludique », dise les uns ? « Mc élégants » ? Probablement... Quoi qu’il en soit, et alors qu’on annonce chaque jour sa mise en bière, « Edition Louis XIV » est un des plus récents et brillants hommages à la langue de Molière.
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