Patrice Hourbette & la francophonie : « La possibilité d’être trilingue »
Et pour vous, la francophonie, c'est quoi ?
LUXEMBOURG
Patrice Hourbette, directeur de Music:LX
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« Pour nous, le français représente beaucoup. Pas la francophonie. Tout d’abord parce que nous avons un rapport frontalier avec la France. Il n’y a donc pas de dimension sentimentale. Ensuite, parce qu’à Luxembourg-Ville, la capitale, il y a seulement 20 000 Français (sur 111 000 habitants). Enfin, parce que 400 000 personnes franchissent chaque jour la frontière pour venir travailler... Au total, ce sont près de 80 langues qui sont parlés.
Nous avons trois langues officielles : le luxembourgeois (langue de cœur), l’allemand, puis ensuite le français (outil de travail). Ce trilinguisme – voire quadrilinguisme, si l’on compte l’anglais dans les milieux artistiques – est sans doute l’une des plus belle réussite du pays. Il touche l’ensemble des catégories sociales (agriculteurs compris).
Il n’y a pas d’appétit pour la culture française, à part une élite s’intéressant à la littérature. Le peu d’Hexagonaux passant à la radio en est la preuve. Lors du concert d’un artiste francophone, comme par exemple Stromae, 1/3 du public sera français. Mais seulement parce que les billets sont moins chers ici…
Alors qu’ils captent aussi les programmes français, les enfants sont aussi plus habitués à ceux de la télévision allemande, les trouvant plus informatifs – malgré un rapport compliqué avec le pays germain, du fait de la Seconde Guerre mondiale.
S’il y a un militantisme linguistique ici, c’est plutôt sur la sauvegarde du luxembourgeois. »