Publié par Longueur d'Ondes

13 ans que les 2 frères Burguière et leurs sœurs jumelles parcourent les rues. Un 10ème album (« Du Simple au Néant ») et plus d’un millier de concerts plus tard, le groupe de Cergy-Pontoise se distingue toujours par son statut d’indépendant, sa conscience politique et son timbre inimitable. Loin de leur chapiteau Le Latcho Drom, les Ogres de Barback ont offert une scénographie inventive et un esthétisme qu’on ne leur devinait pas aussi abouti.

Les-Ogres-de-Barback-1.JPGC’est un concert assis qui attendait les spectateurs de cette date, en plein centre parisien. Une volonté du groupe qui voulait gommer son esprit festif et souligner ses prises de position. Dans le public, des trentenaires et plus, loin donc de la traditionnelle image roots et saltimbanque du combo. Sur l’écran, un film en noir & blanc de Buster Keaton en guise de première partie, illustré musicalement par les Fils de Teuhpu. L’expérience est intéressante et réussie, offrant une bande originale live proche d’un jazz enlevé et de quelques références populaires. Une excellente mise en bouche.

Et en attendant la fratrie des Ogres, c’est une véritable transformation qui s’opère sur scène : trois écrans géants, des échafaudages, une grue métallique qui suspend des instruments, des lumières clignotantes et un fond sonore radiophonique retransmettant des extraits de discours politiques. Une chose est sûre, si leur dernier album clamait une parole citoyenne plus marquée (utilisation de textes des intellectuels Mermet, Reeves ou Jacquard), le concert en est l’illustration accrue : immigration, non expulsion des enfants de sans-papiers, homosexualité (« Jérome »), religion (« Jésus »), présidence non souhaitée, esprit chauvin, etc. Autant de thèmes qui jouent les ping-pongs entre les interventions du chanteur (Fred) pour une fois barbu, les spots vidéo et les paroles des chansons.

La disposition des éléments scéniques permet de façon originale des lectures sur plusieurs niveaux grâce aux petites estrades, ou en contrechamp à travers l’intelligent jeu de lumière. Du coup, le rythme ne désemplie pas et favorise un jeu de scène moins rectiligne. Car subtilement, dans l’ombre, chacun des membres troquent rapidement son instrument contre un autre (allant parfois jusqu’à 3 par morceaux), tandis que l’attention est portée sur le solo d’un des musiciens. Ce sont ainsi plus de 35 instruments qui s’échangent à chaque chanson
: accordéon, guitare, violoncelle, piano, trompette, trombone à coulisse, tuba, violon, scie musicale, grosse caisse, épinette des Vosges… La liste est longue et prouve leur incroyable facilité.

Les-Ogres-de-Barback-2.JPGCôté répertoire, les Ogres ont orchestré tout un schéma narratif autour de la famille, permettant d’enchaîner quelques classiques de la mère à la grand-mère arménienne. L’ouverture aux musiques world du dernier album (mixé par Nick Sansano : Sonic Youth, Jon Spencer) est confirmé. C’est donc tout un voyage entre guinguettes françaises, culture tzigane, Europe de l’Est, Afrique et mariachis qui est proposé. L’ouverture s’effectue également du côté des styles avec de magnifiques instrumentaux de cuivres, du rock-métal (un peu maladroit) voir même de l’électro-dub (si si !). L’exercice n’est pas toujours réussi, mais les Ogres cassent les codes qui les rangeaient du côté de la chanson française festive et prouvent qu’ils sont capables d’évolutions. C’est au tour de l’hommage à Brel avec la chanson « 50 ans », puis à un medley sans micro au fur et à mesure que le décor se démonte et disparaît. C’est ainsi sur un magnifique « Rue de Panam » chanté uniquement par le public, puis après un salut effectué par des marionnettes que le concert s’est achevé.

Un excellent exemple de parole citoyenne, de tolérance et d’espoir. Un cri d’amour pour les humbles et un pont tendu entre les styles. Un modèle alternatif et indépendant. La liberté guidant le peuple…


LIENS
> Itw des Ogres de Barback

> Page MySpace


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