Publié par FJM Publications

L’image de la bimbo provient du cliché de la pin-up californienne : pulpeuse, sexy et non réputée pour son extrême intelligence. Si aux Etats-Unis, Pamela Anderson ou Paris Hilton sont les reines des poupées Barbie, Loana a depuis longtemps remplacé Ophélie Winter en France. Même si la mode et la publicité sont contaminées par la meute de mannequins, c’est surtout avec la musique qu’elles sont le plus fidèles depuis 25 ans. Ce sont mêmes les clips qui ont favorisé la création de l’icône bimbo en lui offrant une vitrine médiatique qui l’inscrivit au rang de référence tristement incontournable. La pin-up peinte sur les avions de guerre ou présente sur les calendriers du milieu du siècle a été remplacée par les faire-valoir de la musique.

Les bimbos n’ont pas eu le même visage à travers les décennies. Au début, on assistait à une palette de chanteuses dont la grosse poitrine était le plus souvent visible, tandis que des époques plus proches n’utilisaient les femmes que comme objet de décoration. La bimbo y incarne l’objet du désir, tentant maladroitement de s’attribuer du pouvoir par la domination séductrice ou se restreignant à une dictature machiste. Le catalogue s’échelonne entre vêtements transparents, moulés, courts ou de couleurs voyantes en passant par la panoplie de sous-vêtements et de peaux mattes. Il s’agit à la fois d’une libéralisation d’une femme qui revendique sa sexualité autant qu’elle accepte d’être traitée en objet. Dans les clichés tenaces des « bad boys » du rap, la présence des femmes est l’un des symboles essentiels d’une réussite qu’il faut partager. Enfin, la surpuissance des relents machistes a créé à l’inverse une explosion de mouvements punks et féministes comme celui des Riot Girls. Mais loin de s’être généralisé aux clips, l’univers touche davantage un virage dans la publicité.

Sociologie : au pays de Candide
L’importance de l’image dans les clips est si importante que Bruce Springsteen est passé, bien malgré lui, pour un patriote ultra chauvin. Et comme l’a témoigné Ronald Reagan qui tenta d’utiliser la chanson dans les meetings pour sa campagne présidentielle de 1984, il n’y a pas que les français qui n’écoutent pas les paroles anglo-saxonnes. L’image serait donc plus forte que les paroles ? Bruce Springsteen expliquera plus tard que l’orchestration y est également pour beaucoup, car sa ballade acoustique initiale faisait plus ressortir son sentiment de désillusion pour le rêve américain. Il faut dire aussi que l’américain lambda passe ¼ de plus la télévision qu’un européen. Après 5 à 6 passages par jour, un groupe accède à la célébrité et augmente généralement de 12% ses ventes. Le clip est la vitrine exagérée et stéréotypée des tendances actuelles.

Le matraquage et la puissance des images a notamment favorisé l’ascension de deux groupes majeurs du milieu des années 80 : Radiohead et Nirvana. La puissance de l’image créée par la même occasion un univers visuel indélébile autour d’artistes comme Björk, Marylin Manson ou ZZ Top. Ensuite, c’est au musicien lui-même d’imposer ses choix ou de suivre les directives des majors. Le chanteur Richard Anthony a par exemple toujours refusé les passages car il est estime que son physique ne colle pas à son identité sonore. Une étude a d’ailleurs révélé que l’image marquait davantage le téléspectateur que la musique. Elle n’est pas identifiée clairement mais participe de manière inconsciente au cheminement des émotions. Certains s’amusent justement à créer des contradictions intéressantes que la présence du chanteur vient rassurer.

Video killed the radio star : la fin ?
Le clip a commencé à décliner à la fin des années 90. En effet, la réalisation et la diffusion d’une vidéo coûtent beaucoup trop cher et on préfère ainsi utiliser des captations télévisuelles (« fast clip »). Autrefois c’étaient les chaînes de télévision qui devaient payer les droits d’auteurs pour programmer des clips. Une époque désormais révolue et commune aux passages radios. De plus, les playlists sont relativement restreintes, ce qui entraînent une rotation beaucoup plus importantes d’un faible nombre. La diffusion intensive pratiquée renforce donc la position des confirmés. De plus, le grand problème de ces minis films promotionnels, c’est l’homogénéisation : les mêmes bimbos en voiture ou au bord d’une piscine ou un groupe de rock en concert. Une vision pénalisée par le statut devenu presque obligatoire de gangsta rap et de rock star.

Mais à en croire l’engouement qu’il subsiste pour les DVD musicaux, le clip ne serait donc pas encore mort. Depuis plus d’une vingtaine d’années, la musique à elle seule ne suffit de toute façon plus. Il permet encore au contraire de compléter l’univers des musiciens et parfois de s’adonner à des expérimentations techniques. Le marché et l’offre ont changé, mais la demande est toujours là. Attendons de voir comme va évoluer la nouvelle génération née avec un ordinateur, un iPod et un portable dans la main. Un nouvel imaginaire narcissique et voyeuriste, mais néanmoins plus dynamique s’offre à nous.

LIENS
1er chapitre >>
Les clips : une partie de cash-cash
3ème chapitre >> V-Jing, vlog, porncast et Nam June Paik


Commenter cet article