Publié par Longueur d'Ondes

Madonna, U2, Jay-Z… Tous ont cédé l’ensemble de leurs droits (tournées et futurs enregistrements) à l’organisateur de concerts américain pour une durée de 10 ans en signant un contrat, dit à 360 degrés. Car si le disque est en crise, les concerts génèrent toujours autant de profits. Mais qui est ce nouveau géant international qui squatte toutes les conversations ? Et doit-on s’en méfier ? Explications.


Basée à Beverly Hills en Californie et créée en 2005 d’une scission de Clear Channel Communications, Live Nation (LYV) est la première société mondiale de spectacles sur scène. A sa tête : Michael Rapino, possédant les prestigieux contrats de Barbara Streisand, Joe Cocker, George Michael, Coldplay ou encore Van Halen. La multinationale possède un chiffre d’affaire de 3,7 milliards de dollars, emploie 4 400 salariés et s’adresse à plus de 60 millions de spectateurs chaque année. C’est actuellement l’un des plus importants producteurs de concerts au monde et la deuxième entreprise de gestion de salles (Fillmore Auditorium de San Francisco, Wemblay Area à Londres, Nikon Theater à Jones Beach).

Et si l’on parle autant de Live Nation aujourd’hui, c’est en raison de la future concurrence que cela pourrait induire en France sur le marché des festivals. En gérant la carrière des artistes à 360 degrés, la société produit ainsi les futurs albums de son catalogue en se substituant aux labels, organise les concerts, la billetterie (grâce à Eventim), les produits dérivés et les contrats publicitaires qui en découlent. C’est donc toute la chaîne, de l’artiste au spectateur qui est maîtrisée. En Europe, ce sont trois festivals belges (Rock Werchter, TW CLassic, I Love Techno), le plus gros organisateur de spectacles espagnol (Gamerco) et le rachat en France de Jackie Lombard Production (Rolling Stones, Depeche Mode, Ricky Martin) qui lui assurent une assise sans précédent. Dernier en date : le Main Square Festival d’Arras. L’organisatrice, France Leduc, a signé un partenariat avec Herman Schueremans, fondateur de Rock Werchter et pilier de Live Nation Europe. Résultats ? Des exclusivités avec notamment Metallica et les Chemical Brothers face au festival des Eurockéennes de Belfort, actuellement en proie aux sueurs froides.


Devant cette surenchère et ces exclusivités, beaucoup de festivals cèdent à une politique inflationniste pour tenter d’attirer plus de têtes d’affiches. Selon la République du Centre, la Route du Rock a dû casser sa tirelire pour obtenir les Smashing Pumpkins en 2007, soit 45% de son budget et l’actuel montant de leur déficit : 120 000€. L’auditeur dépensant moins pour l’achat de produits musicaux, un report du budget s’exerce ainsi sur le spectacle. Les artistes le savent et font gonfler les prix, comme par exemple Radiohead qui se produit pour environ 400 000€ alors qu’un groupe international moyen culminait à 80 000€ il y a deux ans. Rentabilisé par l’ensemble de sa tournée et les retombées annexes, Live Nation tire son épingle du jeu en réduisant ses coûts et en exerçant une sorte de « commerce équitable libéral » que seuls les Ogres de Barback arrivaient à maintenir dans le milieu indépendant.


Mais à bien y regarder en France, le problème semble surtout inquiéter les festivals de plus de 40 000 spectateurs et les 5 à 7 tourneurs qui font de l’international. Certains de ces tourneurs ont d’ailleurs déjà la main sur des salles ou des festivals... Quant aux petits tourneurs français, ils ne sont pas inquiétés directement, vu que Live Nation ne fait pas dans le développement d’artistes. Alors réelle menace ou peur de l’hégémonie américaine ? Fait à noter, la filiale française possède une boîte postale sans numéro de téléphone où un coursier achemine tous les jours le courrier vers des bureaux dont l’adresse « doit rester confidentielle ». On croit naviguer dans un mauvais pastiche de Micheal Moore...


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