« Mamma Mia ! le film » : Abba les préjugés
Sur l’île grecque de Kalokairi, Sophie poste trois invitations pour son mariage. Les destinataires ? Ses trois potentiels pères dont elle a découvert l’existence dans l’ancien journal intime de sa mère et dont elle ne sait rien. Sam, Harry et Bill s'apprêtent donc à retourner sur l'île, croyant répondre à l’appel de Dona, leur ancien amour d’il y a 20 ans.

« Mamma Mia ! » est l’adaptation de la comédie musicale de Catherine Johnson, basée sur le répertoire du groupe suédois. La première théâtrale a eu lieu à Londres, le 6 avril 1999, 25 ans jour pour jour après la victoire d’Abba au Concours Eurovision de la Chanson. A raison de 8 adaptations internationales dans 170 villes, la comédie musicale atteint désormais plus de 30 millions de spectateurs. L’ouverture d’un musée officiel est même prévue à Stockholm en juin 2009, faisant écho de la notoriété de la formation et de leurs 370 millions formats musicaux vendus (cd, mp3, singles, dvd). C’est dire si l’adaptation cinématographique était plus qu’attendue. D’autant que Meryl Streep avait formulé le souhait de faire partie de la distribution théâtrale. L’initiative permet également (et économiquement) de continuer la longue mythologie d’Abba à laquelle rend hommage de nombreux groupes de reprises en l’absence d’une quelconque reformation.
Traitement
Si l’adaptation au cinéma est effectivement calquée sur la comédie musicale, son défaut principal s’en trouve également son meilleur atout. Certains parviennent à rentrer dans le film. D’autres non. Second degré, oblige, version Bollywood américanisé. Car l’énergie du show est conservée, poussant parfois le kitch à ses retranchements les plus extrêmes, là où le film « HairSpray » avait échoué. Oubliez l’ambiance guimauve gnangnan, l’univers emprunte davantage les recettes actuelles du monde urbano-gay ou le décorum glam. C’est une plongée en terres nostalgiques et régressives, rappelant aux fans les moments passés à chanter en chaussettes devant son miroir ou sous sa douche. Pour les moins connaisseurs, à moins d’être allergique ou hermétique au genre, l’euphorie collective peut également fonctionner, faisant (re)découvrir l’incroyable étendue des hits du groupe.

Clin d‘œil aux costumes bouffants d’ABBA, délires romantico-oniriques, les corps presque glabres et les dents blanchies… Rien ne manque. Pas même l’enchaînement successif du répertoire, prétexte à la description de la relation amoureuse. Et si la trame narrative semble parfois (rarement) pêcher, l’énergie est, elle, jusqu’au-boutiste et communicative. Les couleurs évitent les tons pastels ou flashies. Phyllida Lloyd aurait cependant mérité une variation dans ses prises de vue pour s’extirper du carcan de la comédie musicale. Mais peut-être est-ce la volonté de la réalisatrice : n’effectuer qu’une simple adaptation d’une grande fidélité, plutôt que d’en réinventer le traitement. L’exercice est donc efficace, mais pas forcément novateur.
Singers Studio
Constat général : certaines interprétations sont volontairement hystériques, sans pour autant alourdir le propos. Bien au contraire. Le casting est judicieux. Pierce Brosnan et Meryl Streep s’amusent, et nous avec, pour peu que les a priori soient tombés. Sous-estimés, leur timbre de voix étonne même. Tout comme leur énergie, en prise avec des geysers, des drapés de soie et une parodie de Titanic. Dans cette ambiance volontairement excessive, les personnages sont peut-être en une seule dimension, enfermés dans leur stéréotypes psychologiques de gentils loosers sur le retour, mais qu’importe. Là, n’est pas le but du film et le comique de répétition le rappelle. L’ensemble se lit d’un trait. Survitaminé et dopé à la bonne humeur, faisant oublié la faute d'orthographe sur l'affiche.
Le film vient de recevoir en Angleterre deux National Movie Awards : meilleure comédie musicale et meilleure actrice.
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