Publié par Longueur d'Ondes

Du folk des Appalaches, le groupe migre vers de nouvelles contrées blues, dont la première partie Son of Dave fut le premier éclaireur. Incontestablement, l’une des chevauchées les plus esthétiques de cette rentrée.

D’abord... D’abord, il y a l’aîné. Lui qui joue de l’harmonica. Lui qui sait plus son nom, tellement qu’il boit. Tellement qu’il a bu les paroles de sa sœur. Lui qui prend son instrument pour une arme de pistolero. Lui qui dicte son rythme. Lui qui installe l’ambiance tel un soir qui hurle après la lune. Tel le vent chatouillant le feu de camp. Car de tout ça se dégage une chaleur blues. Une chaleur qui grommelle, irréelle et libre. Théâtrale. C’est un climat ranci judicieusement à la nostalgie. Un climat qui gagne avec facilité le public, à chaque maîtrise des breaks.

Et puis, il y a l'autre. Qui fait tout de ses dix doigts. Avec son petit solo. Avec son petit banjo. Avec son air de guitar hero. Lui qui, sous sa belle gueule d’apôtre, marque les échanges du pied et emballe le tout avec des sonorités aériennes. Parfois simple, parfois maladroit. Mais efficace, instinctif. Sincère, surtout. C’est une guitare électrique qui défie en duel son frère l’harmonica. C’est un complément, une réponse du tac-au-tac, joignant le phrasé mélodique au geste. Avec malice. Avec pour décor des couleurs chaudes, rougeâtres et cuivrés.

Faut vous dire, Monsieur, que chez ces gens-là, on ne triche pas, Monsieur. On ne triche pas.

Et puis, il y a les autres. Le frère qui n’en finit pas de jouer. De la guitare acoustique, surtout. Lui qui n'a jamais vu un peigne. Avec sa coiffure disco et ses accents à la Neil Young. Lui qui joua, pour un instant seulement, des percussions dans une course poursuite saccadée. Et puis il y a l’autre et sa contrebasse. Lui qui fit une reprise de Depeche Mode et s’abandonna à quelques improvisations. Savourant le silence. Lui qui s’implique avec discrétion. Même qu’il mouilla sa chemise pour des pauvres gens heureux. Et puis, il y a le batteur, issu d’une récente adoption. Fermant la marche. En retrait, soulignant avec finesse les mélodies sans jamais ordonner. Comble d’un instrument qui met habituellement les autres au pas.

Et puis. Et puis, il y a Rose Marie. Qui est belle comme un soleil. Sorte de sirène asexuée, professeur d’anglais idéale et anachronique. Elle qui regarde son troupeau, brassant l’air avec des moulinets. Avec ses yeux mouillants. Elle dont la voix irréelle fut bercée en fin de concert par le quatuor de cordes Ardeo. Elle qui a clôturé l’exposé par un Peggy Lee langoureux : « You give me fever when you kiss me » Et que, si ce n’est pas sûr, c'est quand même peut-être.

Alors moi je la crois, Monsieur. Pour un instant seulement. Parce que de chez ces gens-là, Monsieur, on ne triche pas. Non, on ne triche pas. On vit.


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