Lenny Kravitz aux Vieilles Charrues 2009 : love let rules
Lunettes de soleil et bonnet de rigueur, la démarche disco sautillante et les déhanchements oulahoupés, le maître du rock-soul clinquant possédait ce soir la panoplie complète du lover eigthies sur poster glacé. Oui, mais voilà. Cette soul-là est malgré tout dotée d'un exceptionnel pouvoir de communion.
Il y a l'attitude, tout d'abord. Des "C'est mon plaisir d'être avec vous", "Claps your hands" et autres "Alright !" ou "Oh yeah, baby !" scandés à chaque frémissement comme un gentil érotomane atteint du syndrome de la Tourette. Les briquets qui s'allument et les portables qui prennent le relais comme des vers luisants jouant les parties-fines sur le champ fraîchement labouré. L'hommage à Michael Jackson. Mains dans les poches. Tranquillou.
Les bains de foule, aussi. Parfois « too much », dans une posture volontairement christique. A montrer le public, indivisible, du doigt. Et des fans en joie. A qui touchera la plus grande partie de peau de l'idole dont les frottements de bassin sur le micro n'atténueront en rien. Revival guitar héro à faire pleurer les cuivres et slows à patins en guise de madeleine de Proust.
Puis, il y a la musique. Celle du Hendrix. Du savant recyclage. Le manche de la guitare au garde-à-vous. Symbole phallique sur fond d'exhortation à l'amour et la paix, tel le pasteur hérétique de son propre credo. Si l'introduction est massive, les cymbales en écho et les cuivres rendant les coups, le reste met en étendard une réminiscence de la blackploitation sucrée, dont les cendres savent encore embraser une foule.
Car, il eu surtout le public. Présent. Interpellant. Exultant à chaque solo du batteur dodelinant et du guitariste crépu. Se déchaînant sur le rappel big band jazzy d'un maître des lieux qui connaît par coeur les ficelles. Attendant, hagard, la sortie de la Flying V pour l'inaugural "Are you gonna my way ?", guitare mythique de l'ancien dreadlockeux. Même un feu de Bengale illumina davantage la foule durant le set, entre deux reprises en choeur, prémices à l'explosion des feux d'artifice - la fameuse "grosse surprise" du festival - qui mirent fin à la communion ambiante.
Love let rules ? La preuve par le son.
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Photo © Pierre Iglésias