Rock en Seine 2005 : voir Pixies et mourir
Voilà plus d’une décade que les fans attendaient la reformation de ce groupe de rock mythique, remédiatisé dernièrement pas l’utilisation de « Where is my mind » en scène finale du film Fight Club (David Fincher). Le festival parisien Rock en Seine offrait une séance de rattrapage à ceux qui n’avaient pas pu les voir en 1ère partie des Red Hot Chili Peppers ou aux Eurockéennes en 2004. Récit du concert d’un groupe dont Kurt Cobain s’autoproclamait le fils spirituel.
Côté pile : Monkey’s gone to heaven
Peu de groupes encore actifs peuvent se vanter d’avoir influencés plusieurs générations de musiciens. Tout comme U2 ou les Rolling Stones, assister à un concert des Pixies tient lieu d’épopée rare et indélibile à raconter aux petits-enfants. En leur temps, ces quatre gosses américains ont révolutionné la musique bien malgré eux : changements de rythmes continus (rock / pop / punk / ballades), authenticité, chant oscillant entre un flot parlé et une rage mesuré, ou bien encore un esthétisme atypique. Bref, l’histoire des Pixies ne peut se résumer en un simple article.
Le quatuor n’a jamais recherché la démesure des show anglais ou les productions survitaminées, fuyant les médias et les affres du milieu. C’est un fait : nul ne hurle, ni n’écrit des chansons aussi fantaisistes que Frank Black, le leader du groupe. Leur formule du couplet calme et du refrain amplifié n’a pas eu comme unique conséquence d’influencer Nirvana. C’est une génération entière qui s’est reconnue dans l’album « Doolittle ». Un pavé dans l’amer.
Côté face : Trompe Le Monde
Les années ont passé et ont tout naturellement marqué le groupe de leur empreinte. La moitié de sa composition a perdu ses cheveux, tandis que l’autre partie possède une surcharge pondérale. Les attitudes sont cependant identiques : voix confiante du chanteur, sourire figé de la bassiste, batteur sautillant et guitariste attentif à ses slaves d’effets. Les formats courts des chansons permettent un large survol agréable du répertoire. Même scénario qu’il y a 15 ans, le groupe bouge peu sur scène et ne s’adonne à aucune digression des originaux, mais l’exactitude des reprises suffit à satisfaire une assistance déjà conquise d’avance. On se surprend même à la compilation de tant de singles et à la préservation de cet esprit enfantin.
Finit la traversée du désert du chanteur Frank Black et de sa rivalité avec la bassiste Kim Deal (des Breeders). Ensemble, ils sont redevenus invincibles, se permettant même la reprise de leur face B « In Heaven » (Eraserhead). Dommage, ces « lutins » manquent parfois de magie, de souffre et d’improvisation. Mais qu’importe. Ils nous prouvent à l’heure actuelle que la simplicité peut encore déplacer des montagnes et que l’Histoire s’écrit tous les jours. Les Pixies sont peut-être les leaders que nous attendions.
Parés pour un nouveau coup d’Etat ?
Style : rock américain 90’s
Split en 1992 / Reformation en 2004
Octobre 2005 : sortie du dvd live « Pixies Sell Out »
« Le jour où je reformerai les Pixies, c’est que j’ai besoin d’une greffe de testicules » Frank Black (Rock&Folk)
> Site Internet
LIENS
> Pixies aux Vieilles Charrues 2006
> Vieilles Charrues 2005 : Franz Ferdinand
> Art Rock 2004 : Rokia Traoré