Publié par Le Progrès

Wladyslaw Znorko adapte le roman du polonais Bruno Schulz pour les Subsistances de Lyon jusqu’à samedi. Le minimalisme y côtoie l’esprit sardanapalesque du songe.


Le fondateur du Cosmos Kolej, Wladyslaw Znorko, est de retour à Lyon après son exil vers Marseille et son escapade dans le cinéma. Il revient avec pour bagages des guêtres et des tableaux d’antan au goût de la madeleine de Proust. Un capharnaüm nostalgique et fantaisiste qui puise sa rêverie dans les lignes tendres du livre de Bruno Schulz, assassiné en 1942 par un officier nazi. Car c’est là la force même de cette adaptation théâtrale : dépoussiérer le théâtre traditionnel en tentant de caresser l’imaginaire du roman.

Recueil de métamorphoses et de métaphores 
Dans « Les boutiques de cannelle », un couple de commerçants envoie leur fils aller chercher de l’argent pour honorer le prix du spectacle qu’ils s’apprêtent à voir. Seulement en chemin, le garçon se perd, et comme tient à le rappeler le metteur en scène « les rues ont changé de place et les places sont désormais des rues. » La ville s’est transformée à la Kafka en un recueil de métamorphoses et de métaphores enfantines. S’en suit alors toute une série de collages et de décalages, redéfinissant les contours et multipliant les axes de lectures. Mais le cauchemar n’est jamais loin, tapis dans l’ombre de la rue des Crocodiles où la bassesse de l’Homme a élu domicile.

Se heurter au passé
Ici et là, le spectateur bat le pavé et se perd parfois dans cette ville à la peau qui mue. Une des scènes donne même libre court à notre imagination, plutôt qu’à l’action, car derrière chaque cadre subsiste un apprentissage ou une vérité oubliée. Il ne manque à l’œuvre que l’odeur. Mais la soupe offerte aux spectateurs sera un avant-goût certain de l’épopée.

LIEN
> Les Subsistances


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