Publié par Cinextenso

Sélection officielle du Festival International du Film de Venise 2006 et des Oscars 2007, la dernière œuvre de Satoshi Kon est une chasse à l’homme futuriste dans un monde onirique. Un scénario très freudien sur l’étude des rêves avec une maîtrise technique absolument parfaite.

Dans un futur proche, un nouveau traitement psychothérapeutique permet grâce à un appareil d’enregistrer les rêves des patients pour pouvoir les étudier. Encore en phase d’expérimentation, l’un des prototypes de l’appareil DC Mini est volé. Le Docteur Tokita décide alors de s’aventurer dans le monde des rêves sous l’apparence de son alter ego Paprika, afin de trouver le responsable de ce vol. S’ensuit alors une course poursuite où se mêle sans cesse réalité et fiction sans que l’on puisse les distinguer.

Le manga est issu du roman de Yasutaka Tsutsui, l’un des écrivains de Science-Fiction les plus célèbres du Japon. Son style satirique et inspiré des rêves en a fait un auteur atypique qui trouve enfin dans Satoshi Kon, un réalisateur à la hauteur de sa narration. Si certains feront la rapide comparaison avec Ghost in the Shell ou autres mangas estampillés « intellos » en raison de la réflexion métaphorique, le rythme est ici beaucoup plus soutenu par une dynamique surcréative. Le jeu de pistes brouille continuellement la narration et laisse place à un bestiaire hallucinant de créatures et de névroses humaines.

La qualité de l’image est autant saisissante que l’univers sonore créé Susumu Hirasawa, qui s’était par ailleurs distingué avec la série animée Paranoïa Agent, laissant le spectateur hébété. Sans la force euphorique du propos, l’animation n’aurait rien à renier de ses emprunts à David Lynch ou Cronenberg. On se retrouve complètement immergé par ce festival de couleurs, essayant de rattraper le fil de l’histoire à chaque saut dans cette perpétuelle dualité manichéenne. Le personnage de Paprika est, quant à lui, majestueusement doublé par la star Megumi Hayashibara (Ranma ½, Cowboy Bebop). Et, petite blague finale, Satoshi Kon s’offre un petit clin d’œil malicieux sur sa propre filmographie.

En conclusion, Paprika apparaît plus comme un vrai manga intelligent pour adultes, plutôt qu’une œuvre simplement intellectuelle. Une réussite qui fait rêver.

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