Subhash Dhunoohchand & la francophonie : « Une philosophie de partage »
Et pour vous, la francophonie, c'est quoi ?
ÎLE MAURICE
Subhash Dhunoohchand, musicien (Tablatronic Moksha Project)
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« Comores, Mayotte, Colombie, Inde… Je participe très régulièrement à des semaines de la francophonie à l’étranger, même si mes textes sont en anglais pour favoriser l’export. Car pour moi, la francophonie reste surtout un formidable réseau de musiciens et de professionnels. Il y a une même philosophie de partage et de non-violence.
Par contre, je demande toujours à rencontrer des élèves. Je leur explique surtout les bénéfices de la modernité et des traditions. Ma musique s’en inspire d’ailleurs, mélangeant tabla et sons électro.
A Maurice, la langue maternelle est le créole – une langue orale, peu adaptée pour l’écrit. Ce n’est d’ailleurs pas un choix politique : c’est naturel. D’autant que, même si le français reste pour nous aussi important que l’anglais, nous apportons plus d’importance à la transmission de nos idées que le moyen d’y parvenir. Notre premier ministre peut donc, par exemple, s’exprimer en anglais, indien et créole dans la même conversation. Les journalistes eux-mêmes peuvent changer de langue dans un seul article – avec, certes, une dominance du français qui reste la langue des affaires et des administrations... Cette dimension trilingue est travaillée dès la maternelle.
La francophonie, c’est comme la cuisine : il n’y a pas d’esprit commun. Certains font du métissage culinaire, d’autres non. Peu importe. Nous, nos plats sont influencés par la Chine. Ca en dit déjà long… Pour moi, c’est donc à la langue française de s’adapter à chaque pays – avec ses répercutions légitimes – et non plus à s’imposer comme du temps des colonies. »