Carloz Nuñez : l'homme à la gaita
Après une longue tournée hexagonale au printemps dernier, le galicien s’arrête à Lyon pour sa toute dernière date française avant l’Allemagne.
Son dernier album s'est déjà vendu à 20 000 exemplaires
La région de la Galice en Espagne est souvent considérée comme le septième pays celtique. Une cousine bretonne qui a vu naître dans ses embruns un orfèvre de la gaita, la cornemuse locale. Depuis, son succès mondial ne désempile plus. En 1996, Carlos Nuñez fait intervenir sur ses premières ébauches Lùz Casal et le guitariste américain Ry Cooder, qui a repopularisé le Buena Vista Social Club. Ses futures esquisses verront dans ses sillons l’apparition de Roger Hodgson (ex-Supertramp) ou bien encore les « pères » de la musique celtique comme Dan Ar Braz, Gilles Servat et Alan Stivell. Le musicien cultive alors l’opulence des prestations à un répertoire classique qu’il tente de renouveler.
« Mar Adentro » : la consécration d’un style
C’est au cinéma que Carlos Nuñez donnera un brin de souffle à sa voilure. Alejandro Amenàbar lui confie le thème principal de son film « Mar Adentro », inspiré de l’histoire vraie d’une euthanasie. Une démarche singulière pour le cinéaste espagnol d’origine chilienne qui a l’habitude de composer lui-même les bandes originales de ses créations. Le film sera notamment récompensé pour sa musique lors de la cérémonie ibérique des Goyas. En 89, Carloz Nuñez avait déjà participé en compagnie des irlandais Chieftains à l’écriture sonore du film « L’Ile au Trésor » avec Charlton Heston et Olivier Reed.
Cette récente expérience au cinéma a inspiré la création de « Cinema do mar », l’album que Carlos Nuñez a sorti en mai dernier. L’artiste a voulu rendre hommage à des musiques de films en créant des images fortes à ses compositions. Le concept n’est pas bien original, mais vaut cependant le détour. C’est un exercice de style périlleux car il doit à la fois respecter le thème original de l’œuvre tout en cherchant à l’approfondir et à le réinterpréter. Un défi des plus stimulants à surmonter, tant les compositions sont ancrées dans la conscience collective, et dont il faudra vérifier la portée en concert.
Une grande respiration salée et poétique
Car là où excelle Carloz Nuñez, c’est véritablement sur scène. Il ne s’agit pas d’une fête celtique où chacun danse, mais d’une grande respiration salée et poétique. On assiste au croisement de multiples instruments comme la vielle à roue, les arrangements symphoniques et les programmations électroniques respectueuses. Un bras de mer entre la tradition ancestrale et sa réécriture contemporaine. Pour les amateurs du genre, Lyon devient exceptionnellement l’espace d’un soir, une capitale bretonne.
> 7 nov à 20h30 Bourse du Travail
205, place Guichard, Lyon 3e
Rens. : 04 72 10 38 23
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