Publié par Site web des Vieilles Charrues

Remplaçant la désertion de Sinead O’Connor sur la scène Kerouac et visiblement aussi ému que son public, l’humaniste a tout d’un Mandela pardonnant à ses ennemis. Une grande leçon de tolérance, d’humilité et d’intelligence.

 
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Si sa vie passée l’a mené sur de sinueux sentiers (délinquance, extrémisme religieux), ses études de Philosophie et sa rencontre avec le maître spirituel marocain Sidi Hamza al Qâdiri Boutchichi ont profondément marqué sa vie. Sa connaissance de l’islam soufi (paix et universalité) influence désormais ses textes et sa personnalité devenue ainsi accessible. L’ancien leader du groupe de rap N.A.P a prouvé son attachement profond à la tradition parolière française, délivrant son message avec une justesse rare.

Mêlant le slam au rap dans un style inclassable, Abd Al Malik fait judicieusement le pont entre l’univers classieux du jazz et celui de la rue. Il restitue, boule dans la gorge, l’émotion sulfureuse qui l’habite lors de l’écriture. Ici et là, ses personnages jouent la valse dans un immense jeu de rôles, ne sombrant jamais dans le caricatural. Plus qu’une discrimination positive, Abd Al Malik milite davantage pour une banalisation bienvenue. Poète ? Pas seulement. L’artiste, chanteur et écrivain, prend en permanence du recul pour mieux toucher sa cible et dompte les mots. Philosophe ? Identitaire ? Français.

De Brel à Nina Simone en passant non loin d’un Dave Chapelle, les luxueuses influences et références cohabitent sur scène avec une modernité exemplaire. Le pacifiste a le sourire en coin et sollicite constamment la foule de son pas inimitable. Ses yeux pétillent et sa joie, comme sa tension narrative, sont communicatives. Et inutile de connaître par avance ses textes ou histoires : tout est d’une limpidité imparable. Pour preuve, même la présentation de son groupe demeure émouvante. Un comble !

A quand le bottin ?

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> Collectif BouchaZoreill'

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