« Spuiten en Slikken » : se piquer et avaler
La Hollande est le berceau de la télé-réalité, avec pour maître des lieux un précurseur des genres : la société Endemol. Cette télé-poubelle ou " trash-tv " a désormais atteint un niveau supérieur dans l’émancipation des mœurs et l’acceptation de l’inacceptable. Après le phénomène " Jackass ", " Spuiten en Slikken " propose de tester toutes les drogues existantes et les différents rapports sexuels en direct. On défit ici les lois et la morale pour attiser notre curiosité, notre perversité et notre voyeurisme. Un futur succès.
Télévision, sexe et drogues, un concept fumeux et stupéfiant
BNN est la chaîne jeunesse de la télévision publique néerlandaise. Elle diffuse depuis début octobre l’émission " Spuiten en Slikken " qui scandalise tous les Pays-Bas. Les trois animateurs testent en direct les effets de la drogue et des pratiques sexuelles. Au programme donc : sniffer de la cocaïne, participer à des orgies sexuelles, se faire sodomiser par un homme ou bien gober des champignons hallucinogènes. BNN justifie le concept de son émission en revendiquant le principe du " journalisme participatif ".
La première émission a abordé les thèmes des beuveries, des vomissements, de conseils pour effectuer un strip-tease et des remèdes contre les odeurs vaginales. Sur le plateau, les invités échangent leur avis et commentent les reportages diffusés. Pendant ce temps-là, un journaliste s’est enfermé avec un couple dans une chambre sombre. En fin d’émission, il rejoint le plateau pour commenter les ébats auxquels il venait de participer.
La chaîne de télévision a décidé de rehausser le ton dans les émissions qui ont suivit avec des tests de cocaïne, de LSD, d’ecstasy, de kétamine et d’héroïne. Côté expériences sexuelles, des reportages ont été réalisés avec par exemple une obèse ou bien une comparaison entre une fellation faite par un homme et par une femme. Sophie Hilbrand, l’animatrice, reste en plateau pour évoquer les thèmes de la drogue et du sexe dans un grand talk show, tandis que les deux journalistes font des expérimentations en direct. Filemon Wesselink, 26 ans, teste les drogues sous surveillance médicale en direct de sa maison maternelle. Ties van Westing, 25 ans, travaille entièrement à huit clos et traite des sujets sur le sexe. Le but est de rendre les thèmes les plus réels possibles. Le public peut intervenir tout au long de l’émission à travers des e-mails ou des sms.
Lors de cette première diffusion, de nombreux courriers ont tenté d’interdire " Spluiten en Slikken " et l’émission a même fait l’objet de plusieurs questions parlementaires au Ministre de la Justice Piet Hein Donner. Les présentateurs effectuent tout de même des recommandations et soulignent qu’ils se mettent dans l’illégalité pour se fournir en drogue. Le Ministre chrétien-démocrate de la Justice a estimé que la prise de drogue relevait de la Santé Publique et non de l’acte criminel. Dans les faits, la détention de drogues dures en petite quantité n’est pas punie par la loi aux Pays-Bas, si elles sont destinées à son usage personnel.
" Spuiten en Slikken " tente d’abattre les tabous et mêle le voyeurisme à un contenu très informatif. L’audience générée étant conséquente avec plus de 500 000 téléspectateurs devant son écran à 23h (soit 15% du peuple néerlandais), elle crée un échange national sur le thème des drogues et du sexe sans tabou. Le problème de l’accès à l’information pose cependant problème, car de jeunes ados peuvent tomber sur ce programme. Et ce qui étonne le plus dans tout cela, c’est que BNN est une chaîne public, et non pour une fois John De Mol et sa chaîne de télévision Talpa.
Il y a quelques années, BNN avait diffusé un autre programme intitulé " Neuken doe je zo " (" C’est comme ça que tu baises "). Un récent sondage d’Ipsos prétend qu’à 39%, les Français sont souvent choqués par les émissions de télé-réalité. Qu’en sera-t-il si l’émission est adaptée en France ?
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