Publié par Longueur d'Ondes

Véritable phénomène des réseaux sociaux et autres plateformes vidéo, c’est devant une salle comble que les deux compères se sont produits le 25 novembre. Un exercice qui, teinté d’hystérie collective, a prouvé leur formidable et impossible esprit de synthèse.

Concept. La Chanson du Dimanche, c’est ce rendez-vous dominical sur Internet, sorte de messe médiatique qui croque indirectement l’air du temps. Une guitare, un clavier, 5 minutes d’une chanson filmée sur un trottoir ou un banc et cet humour potache. Direct, simple et en partie improvisé à la manière d’Omar & Fred. Des millions de connexions plus tard, c’était au tour des Internautes d’accepter et de revendiquer un même amour pour le régressif en plein contexte de crise et de morosité ambiante. Ici, on exhume les années 80 à coup de carton pâte, s’autorisant comme gimmick un « La pêche ! » hilarant et quasi-emprunté à l’ex-13h de Christophe Hondelatte.

Schizophrènes. Mais au-delà de son succès grandissant, le duo barbu a surtout réussi quelques défis, supposés jusque-là hérétiques. Et c’est là tout leur tour de force. Transposer tout d’abord l’ambiance des camps de vacances dans une salle de concert estampillée SFR (La Cigale). Juste avec la force d’Internet. Ensuite, faire la synthèse entre Gotainer, VRP, Jean-Claude Tergal voir même Edouardo. C'est-à-dire, réaliser des chansons à la manière d’un Claude François, en recyclant sans remord ses confrères pour chanter à la manière d’un vendeur de cravate. Ambiance prolo et variété donc, mais sans sombrer dans le misérabilisme ou la parodie grinçante à la Groland. Le pouvoir d’achat, les cheminots… Tout est tourné à la gentille dérision.

En live. Le concert de la Cigale fut la preuve de la redoutable efficacité de La Chanson du Dimanche et de leur effet euphorisant. Pour exemple, le fil rouge « T’as pas perdu ta bonne humeur-meur-meur » se transforma en hymne de stade de foot, remplaçant de peu le « Seven Nation Army » usé des Whites Stripes. Sur scène, la supercherie est apparente, assumée. Adieu la théorie et la technique. Les samples sont lancés du clavier et les mots aussi répétés que dans une chanson du groupe Police. Clément (prof de maths) et Alexandre (scénariste) s’amusent dans un fou rire communicatif. Le public, d’un enthousiasme parfois surréaliste, s'échantillonne des beaufs jusqu'aux bobos alternatifs, tant les paroles oscillent entre naïveté pour les uns et second degré social pour les autres. Seul le chanteur Mika pouvait jusqu'alors réussir ce grand écart et avoir comme public les habitués de la boîte de nuit et ceux du camping dans la même pièce.

Premier degré. Le duo a réussi là où Sébastien Tellier et Yelle ont pêché, en rejetant l’aspect hype. Car à s’être axé sur du Do It Yourself résolument web, personne ne peut leur reprocher une stratégie initiale basée sur le mercantile ou les compromis. Quand bien même, avec leur tête hilare et hirsute, comment ne pas leur pardonner ? Certains ont tout fait pour volontairement se saboter, comme Patrick Sébastien, mais l’exercice n’appelle ici pas de fond, d’où son succès. Comme si tout restait sincère. Il n’y a rien à expliquer ou à creuser, pas de revendication à la Stupeflip ou de parodie à la Fatal Bazooka. Il plane juste au-dessus des artistes, une certaine nostalgie infantile. Cette époque où l’on jouait des spectacles devant ses parents attendris et à laquelle le public s’identifie.

Avenir. 
Si l’adhésion à leur humour fait l’unanimité, tant ils sont la synthèse des formes humoristiques et de diffusion actuelles, comment perdurer à long terme dans cet exercice ? [Ndla : La Chanson du Dimanche n’est-elle pas l’acronyme de CDD ?] Beaucoup s’y sont en effet essoufflés. Et l’on sait à quel point l’intérêt soudain peut se révéler être un boomerang dévastateur. Pour l’instant le concept sait heureusement rester à ses fondements naïfs sans jamais s’abaisser au vulgaire. Et la facilité ? Oui et encore oui si, à l’image de ses protagonistes, elle est un moyen collégiale de fuir le sérieux. Car c’est justement la pire des choses qui pourrait arriver à La Chanson du Dimanche : nous ramener à la réalité.

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