Jean-Louis Foulquier : « Ce métier vous broie »
Rencontre avec l’ancien rugbyman (Stade rochelais), animateur radio (France Inter) et producteur (Francofolies). Libéré de toute appartenance au monde de la musique depuis presque 10 ans, sa vie médiatique se joue désormais sur les plateaux de cinéma ou de la télévision.
Contexte : « Bernard Lenoir a travaillé pour moi comme programmateur… Nous avons été les premiers à passer « Histoire de Melody Nelson » de Gainsbourg en entier et avant 20h ! Le lendemain, le bougre a débarqué pour voir la gueule des types qui avaient osé… Ca a été le début de longues nuits ! Ce type d’anecdotes n’est plus permis aujourd’hui. Regardez le traitement réservé à Alain Leprest… Que ce type ait été interdit d’antenne publique, alors que c’est justement son rôle de soutenir, me révolte encore aujourd’hui. »
Evolution du métier : « Ce métier vous broie. On vous remercie du jour au lendemain, sans une coupe de champagne. Ma méthode pour oublier ? Couper tous les ponts. C’est le seul remède pour s’épargner l’amertume. Du coup, on redevient simple auditeur. Recommencer ? On m’a proposé… Mais, que voulez-vous, quand on a connu la Rolls, difficile de se mettre au volant d’une voiture de ville… Et si c’est pour recoucher avec sa femme tous les soirs, à quoi sert-il de la quitter ? Hé hé. »
Industrie musicale : « En 30 ans, la façon de produire a incontestablement évolué. Ce que j’ai détesté par-dessus tout ? C’est quand le programmateur, voire le directeur artistique, projette ses propres goûts. La subjectivité, c’est bien. Mais il ne faudrait jamais oublier la mission principale de ce métier : la découverte et l’accompagnement. Se fédérer autour d’une promesse. »
Festival : « Les Francofolies ? 20 ans, c’était la meilleure date pour arrêter. Au-delà, j’aurais été condamné à la surenchère, alors que le plus intéressant dans un festival, c’est l’esprit de la fête, les mélanges. Tout a grossi et je ne m’en sentais pas capable… J’aime l’esprit de l’entreprise familiale tenue par l’hypothèque de la maison. En finir avec cette vie, ça a été comme m’enlever un gros sac à dos. Mes filles se sont imaginées que j’en déprimerai, mais ça n’a pas été le cas. Quand je suis descendu pour la dernière fois de scène, j’étais soulagé. Léger. J’assiste désormais aux Francos en tant que spectateur et ne suis intervenu que pour défendre le festival lors de l’affaire Orelsan. Je ne supportais pas que l’on parle de censure… »