Publié par Longueur d'Ondes

Une pochette immaculée où six formes se perdent dans les nuageuses contrées… Il faut avouer que l'équipée revient de loin : cinq ans qu'ils n'avaient pas joués ! Sacrément gonflé pour un groupe de dub-rock qui n'a que dix ans d'existence au compteur.

Tout a commencé au sein de l'association culturelle La Clef (Saint-Germain-en-Laye). Trois objecteurs de conscience et trois réformés P4… Il ne manquait qu'un projet commun pour les réunir. Puis ce fut la révélation devant un concert d'Improvisators Dub. Une évidence. « Le plus drôle, c'est que nous avons joué avec eux des années plus tard ! Des types extras, mais avec une approche très jamaïcaine du dub, plein de reliefs et de larsens. L'inverse de nous. » Car, effectivement, Lab° a toujours fait office d'ovni au sein de la scène dub française en raison de son approche rock aux sonorités radicalement hardcore : « Nous ne sommes pas dub ! On s'est d'ailleurs toujours fait engueuler par les fanzines spécialisés. Puis, à la sortie du deuxième album, on nous a catalogués avec High Tone et Zenzile. On avait du coup plein de dreadeux à nos concerts ! (Rires) Alors maintenant, quand on nous dit que nous sommes la vieille garde, cela nous fait sourire. »



Mais Lab°, c'est quoi justement ? « C'est hors format ! Ce qui nous plait, c'est la dynamique des montées. Et puis, on s'est toujours écoutés. C'est un but égoïste nécessaire pour ne pas viser le mainstream : faire vibrer la musique sans qu'elle se plie à une masse. Nous n'avons aucune autre forme d'ambition et nous serions bien incapables de faire autre chose. » Un processus créatif qui explique pourquoi le groupe a le plus souvent enregistré ses disques en prise directe, improvisant de longues jams en studio. Tellement improvisé qu'il devient ensuite difficile de faire un tri dans les enregistrements ou tout simplement de refaire les morceaux tels quels sur scène. « C'est vrai qu'il faut retrouver ce qui nous a poussés à réaliser ces choix. C'est là que les morceaux, une fois redigérés, prennent tout leur sens. C'est important pour un groupe comme Lab° qui est essentiellement tourné vers la scène. Parce que la scène, c'est surtout une vision réaliste de la musique quand on voit l'état du marché… (Rires) Ce n'est pas avec cet album que nous allons payer nos factures ! »

A l'origine, "Volume" devait être un 4 titres (et non 12). Et puis le plaisir de se retrouver l'a emporté : « On a récupéré des sessions d'enregistrement pour reconstruire méthodiquement des morceaux, mais ça a été le choc : nous avons été écœurés de ce que nous avons réécouté. Autrefois, nous avions vraiment une approche assez prétentieuse de cette musique. Désormais, les titres sont plus complexes, davantage pleins, notamment la guitare qui s'est enrichie au fur et à mesure. Il faut dire que nous avons appris le son et la production avec le groupe. Nous vieillissons en même temps que nos albums. Hormis la recherche d'harmonie, ce sur quoi nous avons réellement avancé avec cet album, c'est incontestablement la densité de l'intention. Plus de matière ? C'est vrai, mais tout simplement parce que nous avons maintenant plus de couilles ! » Le résultat est à la hauteur : tendu, nerveux, avec un sérieux goût de reviens-y poivré. "Volume", le nom de ce cinquième album ? "Hauteur" aurait été plus juste.

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