Publié par Samuel Degasne


30 ans... 30 ans ferme, sans rémission, pour ceux qui savaient au début qu’il y avait une fin.


noir-desir.jpgLe groupe bordelais, à la trajectoire unique en France, a toujours été un corps. Corps à corps, corps défendant, à corps perdu, esprits de corps… Toutes les définitions – et variations – semblent lui convenir, tant l’unité fut motrice de leur action. Car, bien plus qu’une simple addition de membres, ce collectif a toujours fait preuve de cohésion. Dans les interviews (rarement en solo), tout d’abord. Dans l’adversité (Vilnius) et ses actions de soutien, ensuite.

Et qu’est-ce que cela peut être d’autre qu’un corps quand Barthe (le batteur) parle à l’AFP de son refus de « maintenir le groupe en respiration artificielle » ? Oui, mais voilà... Pour un corps né dans l’urgence, quoi de plus normal que le confinement, voire l’emprisonnement, eu raison d’une certaine idée de la liberté… Ce corps qui, longtemps lutta contre son adolescence, était parcouru d’une incroyable intensité, guitares convulsives en avant et les esprits agités.

30 ans d’amitié(s) ont donc rendu l’âme (à qui elle appartient), mettant fin à un coma lourd et pesant. A des années de survie. A une infinie attente dont on ne sait si elle aurait réussi à provoquer une énergie. Au fond, presque un service rendu, quand on y pense. Une euthanasie. Car du Mexique à l’Europe de l’Est, Cantat a sans cesse trouvé réconfort dans la fuite. Souhaitons-lui de repenser à vivre et de retrouver cette liberté. Pour lui.

Au-delà du crime, reste un lourd héritage, davantage à poursuivre qu’à entretenir. Car le rock ne s'embarrasse pas de nostalgie, il se vit... Point. Brûlons nos idoles, les best-of qui s'affairent et soyons désinvoltes. Surtout : n’ayant l’air de rien. Au fond, le meilleur hommage que nous puissions faire à un corps et un cri qui su – jusqu'au bout – rester sincère.


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