Publié par VeryCords

BIOGRAPHIE no one is innocent

[no one is innocent]
-Ennemis-


« Combat rock, sale et sauvage / Et refuser de rentrer dans la cage / Combat rock, c’est la graine de notre ADN / À coups de décibels pour briser la haine ». Dans le titre “Nous sommes“ de leur 10e album -Ennemis-, les No One préviennent que le feu sacré brûle encore… Et avec eux, « nous sommes des centaines et des milliers ».
La musique, l’engagement, la fidélité, le discours… Tout y est résumé. Et ça risque de s‘amplifier si j’annonce qu’ils sortent là l'un de leurs meilleurs disques… Vous allez rire ! Croire que je suis payé pour l'écrire… Je le pense pourtant. 
30 ans de carrière, dix albums, des centaines de dates et festivals en France et dans le monde, une tournée hexagonale avec Motörhead et Guns N’ Roses, deux soirs mémorables au Stade de France avec AC/DC, un moment de grâce au Hellfest 2019 et ce nouvel album -Ennemis­- qui arrive encore à nous surprendre… Ce groupe du combat rock continue de prendre plaisir à jouer ensemble et ça se sent.
Aux manettes de ce 10e album : Charles de Schutter (Rec’n’Roll studio – Bruxelles) qui sublime les nouvelles compos. Avec un Shanka guitariste soliste et coréalisateur inspiré, un Popy guitariste omniprésent dans les compositions, Tramber alias « Le tonnerre » à la basse, la richesse de la batterie de Gaël et la rage intacte dans la voix de Kemar.
Résultat ? No One Is Innocent n’a jamais été aussi musical et inventif, avec une plus grande unité guitare/basse/batterie. Une approche plus animale. Un son plus “live“, aussi… Pour preuve : cette intro folle, tout en montée et étirée sur 1’48 (“Forces du désordre“). Voilà un riff singulier qui, en plus de dénoncer l’action de la police face aux manifestants, annonce : « Passe aux aveux / Regarde en face les mutilés dans les yeux »… Et que dire de cet instrumental  à cordes surprenant (“Armistice“) ou de ce flow snake de charognard (le ternaire “Les hyènes de l’info“) dans lequel Kemar dénonce le nouveau cancer de l’info télévisuel ? On n’avait encore jamais entendu ça chez eux. Vraiment.
Démarrant en trombe l’album, le titre “Dobermann“ agit comme un rappel nécessaire... Les ennemis de la liberté d’expression sont toujours dans le viseur du groupe. Et 27 ans après leur premier single “La Peau“, No One Is Innocent fait encore et encore figure de gardien du temple (se permettant même de finir avec un clin d’œil aux Bérus).
On saluera d’ailleurs des paroles de plus en plus affutées, partagées avec le fidèle pote de Kemar, Emmanuel de Arriba (co-auteur de 5 titres). Exemple avec « Ils ont choisi la froideur du pognon / La chaleur humaine, c’est de la fiction » qui conclue “Polit Blitzkrieg“, dénonçant les attaques du gouvernement contre les crève-la-dalle à coup de rafales.
Mais ce serait oublier que l’on n’est pas au supermarché de la colère : chez No One, la musique doit d’abord raconter une histoire avant d’inspirer les mots…
Car c’est bien le refrain coup de poing de “Humiliation“ qui illustre avant tout les assauts de plus en plus banalisés contre les salariés ; les breaks du cassant “La Caste“ qui incitent à rompre avec la consanguinité politique ; l’épileptique “We Are Big Brother” qui renvoie à notre complicité face aux réseaux sociaux ou l’ambiance étouffante de “Bulldozer“ qui ne pouvait qu’accompagner les restrictions de liberté pendant la pandémie et cette dénonciation de l’État répressif.
Ces -Ennemis-, qui donnent l’épitaphe à cet album, transpirent d’ailleurs dans tous les titres... De quoi rappeler que nos sociétés s’y intéressent plus qu’à nos amis et que la tentation de les créer/désigner n’est souvent motivée que par le désir d’exister… D’où ce besoin d’exorciser la trahison et la confrontation.
Et c’est avec cette même urgence que le groupe va rejouer chaque fois sur scène comme si c’était la dernière fois. Les revoir va nous faire extrêmement du bien ! La preuve qu’aujourd’hui le groupe transpire de ce combat rock mené en français avec une insolente longévité.
Car -Ennemis- n’est sans doute pas que l’un des meilleurs albums de No One Is Innocent, il est celui qui fera date dans l’histoire de ce groupe majeur.

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RÉSUMÉ PARCOURS
C’est en 94 que No One Is Innocent débarque avec le brûlot rock “La Peau“, ode enragée à la tolérance qui les hisse aux Trans Musicales de Rennes, puis en tête de la génération électrique et engagée des 90s.... Confirmation avec la tournée de leur second album Utopia en 97 qui les mène jusqu’aux scènes du Chili, d’Argentine ou dans des festivals américains comme le South By South West.
S’en suit des collaborations avec le hip-hop et la musique orientale (ONB), quelques changements de line-up et un break bien mérité après avoir été rincé des nombreuses tournées… Avant de réanimer le feu sacré via Revolution.com en 2004, puis le DVD live Siempre De Suerte (2005) qui réussit à réconcilier les différentes époques.
De quoi surtout, via aussi Gazoline en 2007, confirmer que No One est toujours à l’écoute de la rue et des nouvelles sonorités… En 2011, l’album Drugstore leur offre même les 1res parties de Motörhead et des Guns N’ Roses dans les zéniths.
En 2015, au moment de publier Propaganda (dont l’urgence restée intacte est gravée dans Barricades Lives l’année suivante), AC/DC leur propose d’ouvrir pour eux 2 soirs au Stade de France… Qui s’ajouteront aux nombreuses dates françaises et européennes de la tournée d’un groupe qui n’a jamais été aussi soudé.
En 2018 sort Frankenstein qui entérine la forme exemplaire du groupe : Shanka, Popy, Tramber, Gaël et Kemar qui régalent sur scène tout du long de cette tournée-marathon. Avec en apothéose ce moment de grâce au Hellfest 2019.
Le 10e album -Ennemis­­- (2021) s’annonce comme l’un des plus aboutis ? Le plus “musical“, le plus “live“, le plus inspiré ? Pensez ce que vous voulez : c’est encore le cas. Et il n’y aura besoin que d’un concert pour vous en persuader.

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